Le new-yorkais Moby a fait salle comble samedi soir dernier au Métropolis. Dix ans après le succès de Play, il continue de surfer sur ce classique pour émerveiller ses fans, qui ont vieilli avec la pop star. Le multi-instrumentiste nous a offert un concert plutôt quelconque, mais serti de moments d'intensité.

Il n'en était pas à son premier Métropolis, le Moby, loin de là. Chacune de ses performances dans la salle de la rue Sainte-Catherine nous avait cependant permis de le redécouvrir. D'abord avec Prodigy et Richie Hawtin à ses débuts en 1992 (nous a-t-il rappelé au début du spectacle, saluant au passage les ravers de l'époque). Puis, en 2000, sur la poussée du succès de Play, pour un concert en dents de scie mais quand même énergique.

Ainsi, il semblait évident que plusieurs des quadragénaires présents n'en étaient pas à leur premier concert de la pop star au parcours musical éclectique. Même si son dernier disque, le joli Wait For Me, est une affaire plutôt intimiste qui s'écoute dans le confort de son salon, les fans s'étaient déplacés pour entendre les bombes dansantes du répertoire de Moby.

Après une intro pastorale et solennelle faite de nappes de violons synthétiques et de choeurs (A Seated Night, de l'album Wait For Me), Moby est arrivé, guitare électrique au cou. Ses accompagnateurs l'ont vite rejoint: batteur, bassiste, violoniste, claviériste et deux chanteuses/choristes.

Ça a commencé mollement; l'orchestre a mis trois ou quatre chansons avant de sonner la charge. Au parterre, on discutait volontiers de la belle journée d'automne à laquelle on avait eu droit sans trop porter attention à ce qui se déroulait sur scène.

La langueur d'une Wait For Me, interprétée par la chanteuse Kelly Scarr (qui assurait la première partie), a laissé la salle indifférente. Bon au salon, disions-nous, mais pour propulser un spectacle, c'est loupé. En revanche, Mistake, l'une des compositions les plus dynamiques du même dernier album, balancée avec une énergie nettement plus rock/new wave, a visé dans le mille. Enfin, le spectacle pouvait commencer.

La principale faille de cette soirée tenait dans l'alignement des chansons: un groove au profil bas suivait immanquablement un succès. L'enthousiasme du public allait en montagnes russes. Étrange, tout de même, quand on se rappelle que Moby est aussi un très bon DJ. Il devrait savoir comment construire une belle soirée sans perdre l'intérêt de son auditoire.

Quand même, Moby a un répertoire d'une indéniable efficacité qui a rassasié ses fans. Comme le vieux classique rave Go, offert au premier tiers de la soirée, une bombe qui n'a rien perdu de sa force. Bodyrock, que son auteur a qualifiée avec dérision de «stupid fuck-off dead song», autre titre dance qui évoquait le son des Chemical Brochets.

Puis, bien sûr, ces immortelles de l'album Play qui n'ont pas manqué de déclencher des passions sur le parterre: Porcelain (magnifiquement offerte), dédiée à tous les fans en fin de spectacle, Natural Blues, la douloureuse Why Does my Heart Feel So Bad, Honey (au rappel), qui mettaient toutes en valeur la voix soul et blues de la chanteuse Joy Malcom, dont la forte présence scénique constituait un atout certain dans cet orchestre sans relief.

C'est dans ces moments attendus que le concert s'est envolé, que le public a véritablement communié avec le groupe dans ce spectacle qui avait surtout à offrir le souvenir d'un répertoire qui traverse élégamment les années.