Il y avait de l'amour dans l'air, ce soir (mercredi), au Gesù, où Martine St-Clair se produisait devant un public clairsemé, mais manifestement heureux de retrouver «sa» chanteuse, avec son timbre de voix si singulier, sa façon unique d'articuler, ses grands succès, sa blondeur, sa jolie silhouette : c'était le retour de Crystal, la petite fille en rose de Starmania devenue une belle femme en noir qui aime toujours passionnément chanter et danser, sans nostalgie ni amertume...

Un public de tout âge, en passant, qui n'a pas hésité à témoigner de son indéfectible affection en chantant avec Martine St-Clair, en tapant des mains, en l'écoutant raconter et lire des lettres d'amour, et même en dansant un peu pendant une version un brin techno (et réussie) de Sweet Dreams des Eurythmics!

Des lettres d'amour? Martine St-Clair intercale en effet, entre ses chansons, des lettres d'amour écrites par le public. Ce soir, soirée spéciale, il y avait aussi des lettres touchantes écrites et lues par des Impatients, cet organisme d'art thérapeutique à l'intention des personnes souffrant de maladie mentale, le spectacle leur étant dédié.

Je ne suis pas sûre que les spectateurs, invités à écrire de petits mots d'amour avant le début du spectacle, appréciaient vraiment que la chanteuse les identifie dans la salle avant de lire à voix haute leur prose. Mais je suis sûre que les gens présents ont apprécié leur soirée, où Martine St-Clair, après quelque 28 ans de métier, a interprété ses nombreux succès, souvent dans des arrangements contemporains qui leur allaient bien (On va s'aimer et Je ne sais plus comment je m'appelle, notamment) et a repris certaines chansons qui l'ont marquée (une reprise hispanisée de La Foule de Piaf, une belle version toute simple de Pendant que de Vigneault, Wild World de Cat Stevens, Mon amour mon ami popularisée par Marie Laforêt, Money Can't Buy Me Love des Beatles en version jazzy...).

Elle a également interprété une belle inédite de Gilbert Bécaud (Chaque fois que j'aime) et a comblé bien du monde en chantant Danse avec moi et Monopolis, en plein coeur d'une de ces villes de l'an 2000. Et puis, autant l'avouer, cela faisait du bien, l'entendre évoquer le souvenir de René Lévesque, qui lui avait demandé de lui chanter Ce soir, l'amour est dans tes yeux, avant de la chanter avec toute la salle, ravie.

À mesure que la soirée avançait, Martine St-Clair devenait de plus en plus drôle, riant gentiment de certaines de ses paroles de chansons («Et les toujours se ramassent à la pelle, ben oui, c'est un Français qui a écrit ça, qu'est-ce que tu veux !» ), assumant joliment sa période «made in Paris» (elle a même revêtu un de ses «jackets» roses de l'époque pour Quand je tombe en amour et ses invocations de dentifrice...) et, oui, elle a aussi interprété «ZE» chanson : Lavez lavez, sur des arrangements reggae, c'était un plaisir délicieusement coupable qu'on a tous chanté avec elle, tout cela dans une atmosphère souriante, loin du souvenir larmoyant ou sentimental qu'on peut avoir de Martine St-Clair.

Bref, entourée de trois jeunes sympathiques musiciens et d'un choriste-percussionniste, la chanteuse n'a peut-être pas rempli à craquer la salle, mais elle a savouré pleinement ce qui lui était donné : des spectateurs qui l'aiment et l'ont applaudi à tout rompre, un répertoire qui résume une certaine époque, des reprises de chansons qu'elle aime et le simple fait d'être sur une scène pour y chanter et y danser. Elle sera de nouveau sur celle du Gesù vendredi.

Martine St-Clair au Gesù vendredi, dans le cadre de Montréal en lumière, et en tournée.