Malgré la pluie intense qui s'abattait à l'extérieur, plus de 2000 personnes remplissaient le Métropolis à guichets fermés pour le spectacle de Karkwa, hier soir. Ce n'était pas qu'une simple «rentrée montréalaise» pour l'album Les chemins de verre, mais le retour des enfants prodigues après avoir raflé le prestigieux prix Polaris, la semaine dernière.

Après la consécration, c'était un retour à la maison. C'est ce qu'on sentait en regardant Karkwa sur scène, qui a offert un spectacle vibrant.

Louis-Jean Cormier et sa bande ont mis la table avec Pyromane, puis ont enchaîné avec Acouphène et Les chemins de verre. Dès lors, on sentait que le spectacle de Karkwa allait être un «moment». Il y avait de la frénésie dans le Métropolis. «Je suis tellement contente d'être ici», a lancé ma voisine de parterre à son copain.

Quand Cormier s'est finalement adressé à la foule, il s'est même permis de la faire crier encore plus fort. Il y avait quelque chose dans l'air. Les membres de Karwa étaient visiblement heureux de jouer à la maison plutôt que de faire de la promo à Toronto. Il n'y avait pas de pression, juste du plaisir...

Après Moi-Léger, Karkwa a entonné Le compteur. C'était tout simplement puissant. Louis-Jean Cormier, Julien Sagot, Martin Lamontagne, François Lafontaine et Stéphane Bergeron étaient en symbiose parfaite sur la scène du Métropolis. La justesse et la richesse sonore de leur musique étaient à donner la chair de poule.

Cormier est un grand interprète quand il chante, totalement pris par sa musique. Cela pardonne ses interventions au public quelque peu maladroites, qui viennent briser l'intensité de la musique de Karkwa. Parfois, on a l'impression que l'émotion forte suscitée par une chanson rend le chanteur mal à l'aise.

D'un autre côté, le naturel de Cormier, qui interpelle souvent François Lafontaine derrière son piano, crée une proximité avec le public. Hier soir, personne ne lui a reproché d'avoir eu un blanc de mémoire pendant Échapper au sort, sur laquelle il «bloque» depuis trois spectacles, a-t-il raconté. «Vas-tu falloir que je mette à penser stie?» a blagué Cormier.

Sinon, le spectacle de la tournée Les chemins de verre est bien divisé (un segment acoustique à mi-parcours permet au public de prendre son souffle) et Karkwa pige judicieusement dans son répertoire. La façade, Oublie pas et le duo de Cormier et Lafontaine sur Mieux respirer ont été des moments marquants hier soir.

Et chapeau à Mathieu Roy pour les éclairages, qui donnent beaucoup de relief au spectacle.

Hier soir, le public de Karwa allait du père de famille qui porte un manteau North Face à la jeune universitaire en Converse. Tant mieux. Et espérons que Karkwa élargira également son public canadien. Hier, les organisateurs du prix Polaris ont annoncé que Les chemins de verre avait bondi en avant sur les palmarès de ventes. Une excellente nouvelle pour le rock francophone.

* * *

Après le spectacle de Karkwa, j'ai fait le saut à l'église portugaise pour aller voir le deuxième des trois spectacles que The Dears donne «en résidence» durant Pop Montréal. Mon collègue Philippe Renaud a déjà fait la critique du spectacle, hier, donc je me contenterai de dire que le groupe montréalais a été généreux et tout-puissant. Bien contente de voir qu'après la tempête, The Dears est un groupe uni et soudé, dont les membres sont manifestement heureux de se retrouver ensemble sur scène.

Puis j'ai terminé la soirée à la Sala Rossa avec Bear in Heaven, groupe de Brooklyn disco-électro-rock. Accrocheur et efficace, et que dire du look de professeur d'éducation physique des années 1980 du chanteur, et de sa moustache...

Encore une fois, merci Pop Montréal pour la belle soirée de musique.