Mercredi soir, Montréal avait droit à un authentique, à un véritable alignement d'étoiles: Adam Cohen, fils d'un certain Leonard, se produisait à l'Upstairs Jazz Bar, en spectacle dans sa ville natale le même soir que Vigneault, ami de longue date de son père (au Gesù) et que Rufus Wainwright, ami et même frère spirituel d'Adam (à la PDA)!

Mais toutes ces étonnantes coïncidences se sont tout simplement évanouies pour laisser place à l'essentiel quand Adam Cohen est monté sur l'intime et chaleureuse scène de l'Upstairs, afin d'y présenter quelques-unes des chansons de son excellent quatrième album, Like A Man (en magasin depuis mardi).

Comment dire? C'était le genre de spectacle dont on fait les mythes, le type de soirée de laquelle ceux qui y ont assisté parleront pour les années à venir, un moment de grâce, un vrai. Quelque chose comme le retour de l'enfant prodigue et prodige, la deuxième naissance d'un enfant de 39 ans qui a fait la paix avec ses démons intérieurs, parce qu'il mesure et sait enfin tout ce qu'il leur doit. C'était tout le talent d'un homme qui a hérité de la poésie, du sex-appeal, du penchant pour les prénoms féminins, de l'élégance naturelle et de l'humour de son père («Pour ceux qui l'ignorent, je suis le fils d'une icône canadienne... Wayne Gretzky!»). Mais qui y a aussi, en plus, survécu...

Accompagné par deux amis musiciens exceptionnels (Mai Bloomfield aux cordes et Michael Chaves à tous les autres instruments!), s'exprimant tour à tour dans un français impeccable et dans un anglais riche, Adam Cohen, sa guitare au cou et son âme dans les yeux, a interprété devant un public attentif et séduit les meilleures chansons de son album Like A Man: Sweet Dominique (une chanson à vous donner le goût d'avoir des «one night stands» tous les soirs de votre vie), What Other Guy (à laquelle, à mon sens, aucune fille ou femme ne pourra résister), Girls These Days, Like A Man, Beautiful et Overrated.

Il y a ajouté deux de ses anciennes chansons (Eleonor et Hey Jane), a repris avec conviction What's Going On de Marvin Gaye, mais aussi, avec émotion, So Long Marianne de son père Leonard. Et entre tout cela, il a fait rire, évoquant le moine bouddhiste Roshi (le maître à penser de son père) ou ses propres fonctions de «petit perroquet et petit pigeon» voyageur entre ses parents artistes divorcés...

Bref, mercredi soir, un certain Adam a démontré qu'une grande lignée de poètes, celle des Cohen de Montréal, existe bel et bien et qu'elle poursuit sa route vers la beauté, quelque part entre le profane et le sacré.