Est-ce un hasard s'il est question aujourd'hui de Working On A Dream, le nouvel album de Bruce Springteen, au lendemain du Martin Luther King Day et le jour même de l'investiture du tout premier président noir des États-Unis? Chose certaine, avec ce disque en magasin mardi prochain, Springsteen donne le ton: il ne s'agit plus désormais d'«avoir un rêve», mais d'y travailler.

Du travail, il y en a eu beaucoup sur cet album à la pochette et au livret incroyablement colorés, où Springsteen parvient en quelque sorte à réunir tous les «Bruce» en lui, du fan de folk-western (Tomorrow Never Knows) au rockeur urbain très XXIe siècle (Good Eye), du chanteur de ballades «blue collar» (Queen of The Supermarket) à celui qui aime mêler country et classique (Outlaw Pete) - sans oublier une chanson typiquement «e-street bandienne», My Lucky Day, avec notamment une envolée en règle du saxophoniste Clarence Clemons et la batterie démente de Max Wieinberg.

 

L'album Working On A Dream sera lancé officiellement le 27 janvier, soit mardi prochain. La version dite «deluxe» comprend un DVD portant sur la réalisation de ce 24e album dans la carrière du «Boss», comme le surnomment ses musiciens et ses fans. La vidéo de la chanson A Night With The Jersey Devil, lancée à l'occasion de l'Halloween en octobre dernier, est également incluse.

Présent dimanche au grand spectacle donné à Washington en l'honneur de Barack Obama (il y a chanté The Rising avec une vaste chorale gospel), Bruce Springsteen propose donc à ses nombreux fans 12 nouvelles chansons où l'orgue et les violons sont très présents. En «piste boni», on a ajouté à ces 12 morceaux la chanson The Wrestler, tirée du film du même nom qui a valu un Golden Globe à Springsteen il y a quelques jours.

Pour ce 24e album, «The Boss» a bien sûr fait appel à son mythique groupe The E Street Band, ainsi qu'aux services du réalisateur Brendan O'Brien; en passant, c'est la quatrième collaboration Springsteen-O'Brien depuis la sortie de The Rising en 2002.

Au moment d'écrire ces lignes, on ne connaît toujours pas la date du prochain spectacle du chanteur de 59 ans à Montréal, dont le dernier passage chez nous remonte au 2 mars 2008.

Si ce nouveau disque sort en une ère de renouveau aux États-Unis - et marque lui-même un certain renouveau chez Springsteen, par exemple sa voix et les arrangements très 60, quasi Beach Boys, de la chanson This Life - il marque également une fin pour le E Street Band. En effet, Danny Federici, claviériste et accordéoniste du groupe, a succombé à un cancer en avril dernier. Working On A Dream est dédié à Federici et une partie de l'éloge funèbre prononcée par Springsteen à ses funérailles figure dans le livret de l'album. Rappelons que le musicien accompagnait Springsteen depuis 1969, avant même les débuts du E Street Band en 1972.

«La vie ne nous a pas séparés, écrit Springsteen. Le temps ne nous a pas séparés. Les animosités ne nous ont pas séparés. La mort ne nous a pas séparés.»

La musique, elle, réunit une fois de plus Springsteen et Federici avec la sortie de Working On A Dream mardi prochain.