Jamais deux sans trois. Edgar Fruitier voulait bien poursuivre l'aventure à succès d'une troisième compilation des grandes oeuvres du répertoire classique, mais cette fois avec deux jeunes musiciens d'ici, Alexandre da Costa et Wonny Song, dont la carrière internationale est bien lancée. «Avoir deux musiciens de leur calibre, c'est une valeur ajoutée considérable pour le coffret», dit le comédien.

Le coffret comprend toujours six CD, dont quatre dressent le panorama de la musique romantique. Le cinquième est un enregistrement de valses et de miniatures de Fritz Kreisler par le violoniste Alexandre da Costa et un ensemble de 17 musiciens sous la direction de Jean-François Rivest. Le sixième présente Wonny Song au piano. Intitulé Clair de lune, il comprend des pièces de Debussy, Chopin, Beethoven et Schumann.

 

Autre approche, mais même objectif, assure Edgar Fruitier: partager la grande musique avec le plus grand nombre.

«Mon but a toujours été d'amener des gens dans l'avenue de la musique classique. Dès les commencements de ma collection de disques, je faisais des réunions avec les gens les plus invraisemblables pour les leur faire écouter», raconte-t-il.

Schumann, Beethoven... et Haydn

Avec les producteurs Jean-Claude Dumesnil et Michel Laverdière, cet érudit de l'histoire musicale a sélectionné orchestres, chefs et musiciens - philharmoniques de Vienne et de Berlin, Karajan, Böhm, Heifetz, Rubinstein, Callas et Ashkenazy - et des compositeurs tels que Schumann, Beethoven, Mozart et Haydn. Haydn, vraiment?

«Prenez Les Saisons, c'est une étude de l'homme dans la nature. On se retrouve dans un thème romantique par excellence. C'est le mouvement du Sturm und Drang, les orages de la nature et les angoisses de l'âme humaine. Le romantisme, c'est l'évocation de la nature, ainsi que l'autosuggestion, comme une confession du compositeur», explique M. Fruitier.

Le mot est lancé, et aussi la discussion entre les trois complices. Sans hésiter, Alexandre da Costa se déclare musicien romantique.

«Dans la période romantique, on a changé complètement la construction du violon en l'élargissant, en y ajoutant des cordes de métal et en lui donnant du vibrato. Un violoniste qui ne se considérerait pas comme romantique aurait délibérément choisi de ne se consacrer qu'au baroque ou à la musique contemporaine», note-t-il.

Wonny Song se dit plus déchiré, quoique la musique romantique lui permette de toucher des cordes sensibles.

«C'est une bataille en moi à savoir le genre de musique que j'aime le plus. Mais j'aime le son et le côté sensuel de la musique romantique. C'est comme un idéal pour moi», avoue-t-il.

Et son collègue des bancs d'école poursuit: «Les grands drames, la passion et la sensibilité, c'est un peu typique de notre âge, à Wonny et moi. Autour de 30 ans, on ressent tous ces questionnements au moment où il nous reste beaucoup d'énergie et de passion.»

Ici et maintenant

Mais la musique romantique, bien qu'il s'agisse probablement du répertoire le plus connu et le plus apprécié du grand public, peut-elle toujours avoir une résonance profonde dans nos vies dominées par la finance et l'électronique?

Wonny Song y voit un défi intéressant.

«Ce sont des pièces que tout le monde connaît. Plusieurs ont des idées très personnelles sur la façon dont ça doit être joué. Notre travail comme interprètes est de faire quelque chose de très convaincant, indépendamment de ce qui a déjà été fait.»

Alexandre da Costa va plus loin. Le coffret représente un idéal romantique en soi, un heureux mélange de compilation et de nouvelles façons de revisiter le répertoire.

«Je ne peux rien changer aux versions connues de musiciens qui nous ont quittés depuis longtemps, dit-il. Moi, je suis vivant et j'y fais ce que je peux faire dans cette petite partie du siècle qui est la nôtre. La musique romantique me permet plus de latitude.»

En outre, soumettent-ils en choeur, le public est friand d'émotions, celles d'interprètes qui se mettent à nu en quelque sorte.

«Quand les gens sentent notre propre émotion dans le jeu, même s'ils ne comprennent pas tout, ils peuvent comprendre ce que je ressens», dit le pianiste. Le violoniste ajoute: «L'auditoire veut connaître l'interprète, il veut avoir l'impression que ce qu'il entend, c'est ce qu'a vécu l'artiste dans sa vie personnelle. La musique romantique, c'est un peu ça.»

Vendus séparément

Si les disques des deux musiciens se trouvent dans le coffret, les producteurs ont également décidé de les vendre séparément. Avec le succès de la formule des coffrets, le producteur Michel Laverdière voulait investir dans la production.

«On est très contents de produire deux musiciens aussi talentueux. La veille du lancement du disque, Wonny sera au Carnegie Hall et Alexandre revient de Chine. Grâce à la notoriété de M. Fruitier, on fait mieux connaître ici nos jeunes artistes déjà reconnus dans le monde.»

QUESTION

À vos yeux, quel est le compositeur de musique romantique par excellence?

- Mario Cloutier

Edgar Fruitier:

Schumann et Berlioz. «Ce ne sont pas nécessairement mes préférés, mais les plus représentatifs.»

Wonny Song:

Chopin. «Pour sa musique et aussi sa vie tourmentée.»

Alexandre da Costa:

Tchaïkovski. «J'aimerais pouvoir diriger une de ses symphonies un jour.»

Michel Laverdière:

Mendelssohn. «Pour l'ensemble de l'oeuvre.»

 

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