Afin de souligner la Saint-Valentin, voici quelques chansons qui dépassent les clichés. En quelques mots et quelques notes, elles réussissent à sonder la splendeur, le malheur ou l'étrangeté des différents visages de l'amour.
Don't Explain - Cat Power (Billie Holiday)
L'amour subi
En 1944, Billie Holiday découvre une trace de rouge à lèvres inconnu sur le collet de chemise de son mari, Jimmy Monroe. Elle est déchirée, mais incapable de le quitter. «Quiet, don't explain/What is there to gain/Skip that lipstick/Don't explain.» Troublante chanson sur l'amour vécu comme un abandon. Cat Power en a enregistré une très belle version l'année dernière.
Dans un registre semblable: Ch't'aime pis ch't'en veux d'Aut'Chose.
L'amour 220 volts - Plywood 3/4
L'amour extatique
L'histoire est étrange. Lassé de sa femme, le narrateur (Dany Placard) s'enferme dans son garage pour se confectionner une nouvelle flamme... L'écho résonne pendant qu'il crie «l'amour, l'amour». Son délire paraît salutaire.
Dans un registre (presque) similaire: Dance Me To The End Of Love, de Leonard Cohen.
Je suis venu te dire que je m'en vais - Serge Gainsbourg
L'amour abandonné
Plus jeune, Gainsbourg aimait ruminer cette phrase de Schopenhauer: «Seules les bêtes à sang froid ont du venin.» C'est de la glace qu'on devine ici dans ses veines. Le titre dit tout. Il annonce son départ pendant que la malheureuse abandonnée sanglote. Il le fait de façon insensible, presque orgueilleusement.
Dans un registre semblable: Hello Hammerheads de Caribou.
I've Been Loving You Too Long - Otis Redding
L'amour qui persiste
C'est à la fois une déclaration et un voeu. L'amour dure et doit durer, lance Otis Redding à la femme. Et comme dirait Gerry Boulet, cette voix... Un mélange de beurre, de sexe et de tendresse rarement égalé dans l'histoire de la pop.
Dans un registre similaire: Jenny de Richard Desjardins.
Vénus - Alain Bashung
L'amour comestible
Le maître Bashung dépeint ici la mystérieuse beauté de l'amour physique - Vénus et ses «cerises qui rosissaient», Vénus la «première étoile à éclairer la nuit» ... Lascif et hypnotique.
Dans un registre diamétralement opposé: Fourrer de Mononc' Serge.