Mercredi, Alice Cooper entend transformer le Théâtre Saint-Denis à l'occasion de son Psycho Drama Tour - oui, il se fait pendre, les amis - quelques semaines après avoir lancé son 25e album studio, Along Came A Spider. On en parle avec lui, de même que de Céline Dion, de tueurs en série, de l'art d'écrire des chansons, de littérature et de golf. Bienvenue dans son cauchemar...

Le plus surprenant, quand vous faites une entrevue avec Vincent Damon Furnier, alias Alice Cooper, c'est de mesurer son enthousiasme, sa passion pour le métier de parolier, son érudition, quasi 45 ans après ses débuts. Alice a 60 ans et rit comme un jeune homme!

 

Sur son plus récent album Along Came A Spider, il renoue avec l'idée de présenter une histoire en chansons hard rock, avec plein de guitares et de batterie et de... mélodies: «C'est plus facile pour moi, écrire des chansons à partir d'une histoire, explique-t-il. Je suis un parolier à tout faire (utility writer). On me dit «peux-tu écrire une chanson à propos d'une girafe et d'un dinosaure sur la planète Saturne?» et je réponds «Pas de problème, vous la voulez comique, tragique, d'amour?» Cette fois, on m'a demandé d'inventer un tueur en série. Pas de problème, tiens, si je m'inspirais de l'araignée pour rendre l'histoire intéressante? Eh bien, il faudrait évidemment qu'il enveloppe ses victimes dans de la soie! Et comme il a du goût, il choisit la soie en fonction de la couleur des yeux de ses victimes (rires). Oh, mais il lui faut donc huit pattes, comme les araignées? Pas de problème, il s'arrange pour collectionner des jambes. Et bien sûr, la police finit par se rendre compte du problème et qu'il s'agit d'un tueur-araignée! Comme tous les tueurs en série fictifs, il aime évidemment se moquer des autorités, jusqu'à ce qu'il tombe amoureux d'une de ses victimes, qu'il est incapable de tuer. Ce qui va le tuer, lui. Tué par l'amour.»

Killed by Love: c'est le titre d'une des meilleures chansons de l'album Killed incroyablement efficace, très mélodique et rock à la fois, comme si les Beatles s'étaient acoquinés avec Twisted Sisters. D'où lui vient donc ce don pour ce type de chansons, qu'on retrouve dans son répertoire? «Ça, c'est grâce à Bob Ezrin (NDLR: mythique réalisateur d'albums, d'origine torontoise, qui a conçu les meilleurs albums de Cooper, Kiss, Pink Floyd, Lou Reed, Peter Gabriel...). Quand je l'ai rencontré, j'écrivais de drôles de petites chansons moyennes. C'est lui qui m'a enseigné qu'on doit pouvoir s'installer à un piano et être capable de chanter seul une chanson, tant le refrain que les strophes, les bridges ... Bref, qu'il y ait une mélodie. Il m'a aussi enseigné que les chansons de remplissage, ça n'existe pas, quand tu fais un album, tu fais 13 grandes chansons, ou 10, ou 8, mais tu ne remplis pas avec du moins bon. Si tu regardes tous les musiciens des années 60 et 70 qui sont encore là, ils viennent eux aussi de cette école: Bowie écrit comme ça, Elton John écrit comme ça, Aerosmith, quand c'est eux qui écrivent, écrivent comme ça... Bob est notre George Martin: il m'a montré que si tu écris d'étranges paroles sur une jolie mélodie, cela donne une belle chanson encore plus étrange! Et si tu choisis bien tes orchestrations, tu peux même en faire des hymnes!» Des exemples chez Cooper? School's Out, I Love The Dead, I'm Eighteen... Il les chante toutes en show!

«Pour l'album Along Came A Spider, j'ai décidé de faire revivre mon personnage de Steven (NDLR: personnage mythique créé dans le fameux album-concept Welcome to My Nightmare, en 1975). Quand je le peux, je ramène toujours Steven, même discrètement (rires), je fais un peu comme Kurt Vonnegut avec son personnage de Kilgore Trout (wow, Alice me parle de l'écrivain américain Vonnegut!!!!) qui revient souvent: Steven apparaît, lui, dans Welcome, mais aussi dans Brutal Planet, Last Temptation, From the Inside...»

Bon, on a tout juste le temps de parler de... Céline Dion! Il paraît qu'elle vous a impressionné à Vegas? «C'est une très petite femme avec une très grande voix. C'est ma fille qui voulait aller la voir. Ce n'est pas vraiment mon genre de musique, et en fait, je la connais surtout parce que nous avons joué au golf ensemble, elle est très gentille (Cooper soutient qu'il a cessé d'être alcoolique grâce à sa passion du golf!). Et puis, mon nom de famille, c'est Furnier, il me reste un peu de Français en moi (rires). Mais je l'avoue, je voulais aussi voir de quoi avait l'air un show de 90 millions de dollars (rires). Je me suis demandé qu'est-ce que je ferais si on me donnait 50 millions à Vegas! Eh bien, j'en suis sûr maintenant: ce serait le meilleur spectacle d'horreur au monde! Ha, ha, ha!»

Alice Cooper, en spectacle le 15 octobre au Théâtre Saint-Denis.