L'auteur-compositeur-interprète Sébastien Lacombe commence l'année 2009 trois semaines plus tôt que tout le monde. La première montréalaise de son concert, qu'il donne ce soir au Gesù, marque le début d'une nouvelle année déjà jalonnée par un horaire de tournée qui s'étend jusqu'à la ronde des festivals d'été.

Il y a une bonne raison pour laquelle Jean-Philippe Smet ne s'appelle non plus Jean-Philippe Smet, mais bien Johnny Hallyday. Hallyday, ça fait un peu plus rock star.

 

Sébastien Lacombe, c'est son vrai nom. Pas moche, mais un nom passe-partout, dirait-on. Un nom de star? Ça s'en vient. Il y travaille, chanson par chanson son deuxième album, lancé en mars dernier, a pour nom Impressions humaines. Comme nom, ça ne frappe pas l'esprit au premier coup d'oeil. La sobriété, une qualité qu'on lui reconnaît d'ailleurs dans l'exercice de son art.

À défaut d'avoir un nom qui frappe, Sébastien Lacombe a une voix. Ça compte pour beaucoup. On l'a vite remarquée, d'ailleurs, cette voix. Ambrée, posée, paisible, on aurait dit, sans le connaître, celle d'un gars qui a vécu, un gars qui réfléchit, doté d'un sens de l'observation aiguisé. Luc De LaRochellière a trouvé son héritier.

«On m'a souvent fait la comparaison avec De LaRochellière», admet Lacombe, rencontré dans un café du Plateau, son ancien quartier, frais arrivé d'une opération promo à l'extérieur de la ville. «Tu me vois, là, je suis déjà fatigué. Le concert Artistes contre la faim, ça m'a bouffé de l'énergie...»

C'était il y a trois semaines seulement, au Club Soda. Pour la deuxième fois, Lacombe et sa blonde ont mis sur pied un événement-bénéfice réunissant sur scène les confrères et consoeurs Catherine Durand , Andrea Lindsay, Sylvie Paquette, Damien Robitaille et Alexandre Désilets, entre autres. Tout ça pour la bonne cause, parce que «je pense que c'est un peu le rôle d'un artiste que d'être sensible à ce qui nous entoure et d'en témoigner. Je sens qu'on est un peu les porte-parole de ce qui se passe; crier que ça va bien, ou que ça va mal. Sans marteler le discours.»

Signe de ces temps difficiles? Ils ont été nombreux à répondre à l'appel. Et ce fut une soirée de belles accointances : «On est une petite gang d'auteurs-compositeurs-interprètes dans cette position» de musiciens pas encore tout à fait arrivés à leur but, des artistes qui n'ont pas encore drainé tout le bassin de fans qu'il leur est permis d'espérer.

«Aujourd'hui, j'ai passé l'excitation d'être la découverte de l'heure.» Aquarium, son premier succès, lancé tard en 2005 avec le premier album Comme au cinéma, a vite séduit les radios et leurs auditeurs. C'est tragique, l'Amérique, a ensuite confirmé le talent de Sébastien Lacombe, qui n'est pas une étoile filante. Il ne file pas, il tisse ses chansons avec minutie, et, cette fois, sur Impressions humaines, il les enrobes d'arrangements goûteux et légers, «pas vraiment calculés tout s'est fait de manière très naturelle».

«À l'époque d'Aquarium, je me disais : Wow, je joue dans toutes les radios! Là, je suis retombé sur terre. On dirait que je suis à la bonne place, que ma carrière est en progression constante.»

Le concert dans la superbe salle du Gesù semble être le bon rendez- vous, donné au bon moment, justement. «J'ai vu les concerts de Joseph Arthur et Feist, et on dirait que ça m'a convaincu de ce que je devais faire.» Un concert dépouillé, intime, les chansons réduites à l'essentiel, «quelques loops pour ma guitare, mais pas trop, pour garder le côté organique de ce que je fais», pas de batterie, que des guitares et une basse. Et cette voix, bien sûr.

_____________________________________________________________________________

Sébastien Lacombe, ce soir, au Gesù.