La page des Cowboys Fringants est tournée pour de bon pour Domlebo. L'ancien batteur du groupe lance Grand naïf, un premier album solo totalement autoproduit, autoécrit, autojoué, autodistribué et auto «promotionné».

Dominique Lebeau est mort. Vive Domlebo.

Deux ans après son départ des Cowboys Fringants, le batteur revient sous les projecteurs avec un premier album solo complètement autoproduit.

 

On est loin de la grosse tribu des Cowboys. Mais justement, Domlebo avait envie d'autre chose. S'il a quitté le groupe en 2007, après 10 ans de vie commune, c'est parce qu'il n'était plus sur la même longueur d'onde que ses vieux chums.

«J'y pensais depuis longtemps, mais j'attendais d'être sûr, explique-t-il, en revenant sur la cassure. On n'était pas d'accord sur un tas de points. D'ailleurs, j'étais souvent le seul des cinq à ne pas être d'accord. J'étais aussi le seul avec des enfants. On n'avait pas le même rapport au temps. Je me suis mis dehors moi-même pour le bien de tous, y compris du public.»

Domlebo avoue que son départ a été sec. Un courriel, merci bonsoir. Mais comme il dit «Il n'y a pas de rupture élégante.» Pour le reste, il ne regrette pas son choix. «Les Cowboys sont une importante partie de ma vie. Elle a occupé toute ma vingtaine. Mais l'affaire est classée. J'ai 33 ans, je suis ailleurs.»

Au «je»

Avouons que ce virage solo est étonnant. Lebeau a toujours déplacé beaucoup d'air. Il se décrit lui-même comme un saltimbanque. Mais des batteurs qui deviennent chanteurs, à part Ringo et Phil Collins, on n'en connaît pas beaucoup...

Seulement voilà, ce «grand naïf» touche-à-tout avait la tête pleine de chansons. Et il avait envie de les interpréter. En 10 ans, il a écrit huit chansons pour les Cowboys les plus connues étant Québécois de souche et Léopold. Mais avec son propre disque, il pouvait vraiment sortir de l'ombre.

La différence avec les Cowboys? Plus rock, plus syncopé, plus impressionniste. «Il n'y a aucun violon, aucune guitare acoustique, aucun tempo en 2/4 et des accords qu'on n'aurait jamais retrouvés sur un disque des Cowboys», résume-t-il. «Pour ce qui est des textes, je décris moins les choses de Jean-François (Pauzé, des Cowboys). Lui, c'est comme du cinéma. Moi, c'est plus des tableaux qu'il faut interpréter. Et j'écris beaucoup plus au «je».»

Domlebo ne saurait aussi bien dire. À part sa blonde, qui lui sert de conseillère artistique, il a écrit et enregistré Grand naïf totalement seul, dans son studio-maison. En plus de chanter, c'est lui qui joue la basse, la guitare, la batterie et les claviers.

Fallait-il pousser le concept DIY (Do It Yourself), si cher à l'esprit punk, jusqu'à autoproduire et distribuer son disque à la mitaine? Apparemment, le destin en a voulu ainsi. Le chanteur est allé voir 30 étiquettes de disques. Certaines se sont montrées intéressées, mais sous certaines conditions. Faute d'un deal, Domlebo a décidé d'investir son propre argent dans l'aventure.

«C'est un peu pour ça que j'ai choisi le titre Grand naïf, explique l'auteur-compositeur. Faire un disque tout seul et penser qu'on peut se booker soi-même, c'est un peu naïf. J'ai des chances de me planter. Mais ce n'est pas complètement fou. La démarche est sincère. Heureusement que ça arrive après 10 ans d'expérience de la scène, du studio et des médias, parce que sinon, je serais bien mal pris. Mais là, je suis prêt à être ma propre TPE (très petite entreprise). C'est très sain. Il faut le voir comme un beau risque.» (La Presse)