Il y a trois ans, à la sortie de son premier album, l'auteur-compositeur Damien Robitaille a eu droit à tous les qualificatifs synonymes de «bizzaroïde», «étrange» et «doué». Fans, soyez rassurés: le natif de Lafontaine, en Ontario, fils d'un père francophone et d'une mère anglophone pasteur évangéliste, possède toujours un côté givré et un côté étonnamment... «saint».

Damien Robitaille est bien content: la journaliste s'est rendu compte qu'il y avait en quelque sorte une face A et une face B sur son nouveau CD Homme autonome. Oui, les six premières chansons sont plus «Motown» («Je voulais faire un disque de musique pour les hanches, cette fois-ci») et plus rigolotes, alors que les six dernières, avec des arrangements de cordes ou simplement au piano, sont plus «sérieuses». J'irais même jusqu'à dire plus spirituelles - c'est ça, le côté «saint» de Damien Robitaille : on y trouve plein de références religieuses (Jésus, Judas, Adam, l'ermite, etc.), ce qui sied tout à fait à ce fils de femme pasteur.

Mais il flotte aussi un délicieux parfum «années 70 et vinyle» sur ce deuxième album. À commencer par la pochette et l'affiche intérieure, avec son tapis shag, ses déclinaisons de brun et de jaune, et du «corduroy» en masse, toutes choses qui rappellent parfaitement l'ère des Daniel Hétu et Herbert Léonard. Les maniaques remarqueront que la compagnie de disques Audiogram a accepté, pour l'occasion, qu'on utilise son ancien logo sur la pochette!

«J'ai commencé à tripper vinyle depuis quelque temps, explique Robitaille. Et l'écoute de vinyles m'a donné trois influences pour cet album: le vieux reggae et ska, surtout le rocksteady, pour le rythme; les Beach Boys, pour les harmonies vocales, les choeurs; et le vieux jazz de crooner, à la Frank Sinatra, pour l'attitude.»

Difficile de rater son coup avec de telles influences, et Robitaille ne l'a justement pas raté: on se surprend à fredonner telle ou telle chanson, après deux, trois écoutes du disque. À ces sources d'inspiration, il faut toutefois ajouter ce petit je-ne-sais-quoi qui fait de Damien Robitaille un parolier à part, capable de faire sourire (la chanson On est né nu, hilarante), mais aussi de serrer la gorge (la chanson Un jour, ton jour viendra).

Toutes personnalités confondues

Trois ans se sont tout de même écoulés entre la sortie de son premier album, L'homme à qui je ressemble, et Homme autonome - on remarquera le concept «homme», évidemment. Comme dans l'homme qu'il est aujourd'hui et qui avait besoin de temps pour le devenir: «Il y a trois, quatre ans, j'arrivais à Montréal de Lafontaine, explique le chanteur de 28 ans. J'avais de la difficulté avec mes deux personnalités: j'avais décidé de tourner le dos à mon côté anglophone, ontarien, pour me consacrer à mon côté francophone, de devenir citadin plutôt qu'un gars de la campagne. J'avais un côté plus religieux parce que mon enfance en a été imprégnée, mais ce n'était pas nécessairement très bien perçu ici, j'évitais donc de m'en servir. Mais j'ai décidé finalement d'être tout ce que je suis, je me sens plus confortable maintenant avec toutes mes personnalités. Ça a donné un disque anglo-saxon, mais en français!»

Au fil de ces trois ans, Robitaille a donné beaucoup de spectacles - et ceux qui l'ont vu savent à quel point ce gars sait quoi faire sur une scène! - et a beaucoup écrit: «J'ai toujours une chanson «on the go» parce que c'est le fun, écrire. Pour le disque, j'avais une trentaine de chansons, mais j'ai décidé d'enlever toutes celles qui étaient trop farfelues, trop animalières ou trop country. J'ai retenu les plus dansantes, finalement...»

Est-ce à dire que Damien Robitaille tourne le dos au country et à la toune bizarre? Pantoute, puisqu'il fait partie des Ringos, groupe hommage aux Beatles, et de l'inénarrable duo western Les frères rivaux avec Sunny Duval (guitariste des Breastfeeders et véritable machine à projets musicaux).

Tous ses nombreux copains musiciens et bien d'autres pourront voir l' «homme autonome» en spectacle à compter d'octobre, avec escale au Club Soda le 18 novembre. Préparez vos hanches.