Le troisième Festival Heavy MTL, qui a lieu tout le week-end au parc Jean-Drapeau, sera marqué par le retour des Gorguts, groupe phare du death metal québécois.

On les avait presque oubliés, ces Gorguts.

Après l'album From Wisdom to Hate lancé en 2001 et le suicide du batteur Steve McDonald en 2002, le groupe de Luc Lemay avait littéralement disparu dans la brume. On les croyait morts et enterrés, mais, contre toute attente, les voilà de retour avec de nouveaux membres et un nouveau son d'outre-tombe.

«J'avais tiré la plogue, mon gars, admet le guitariste-vociférateur Luc Lemay, joint chez lui en Estrie. Ma sept cordes est restée sous mon lit pendant quatre ans, je me suis recyclé dans le mobilier d'art et la sculpture. Je n'étais plus là, tout simplement.»

Mais le démon du métal a de nouveau cogné à sa porte. Après avoir collaboré avec le groupe Negativa, le Sherbrookois a décidé de redonner vie au cadavre refroidi des Gorguts. «Je l'ai fait pour les fans et pour le trip», dit-il.

Pour le meilleur et pour le pire, le groupe phare du death québécois a donc ressuscité.

Le meilleur, c'est qu'avec trois nouveaux musiciens (tous américains), Gorguts a complètement renouvelé sa palette. Son prochain album s'annonce nettement plus progressif que les précédents, avec des morceaux plus longs et des structures plus ambitieuses.

«C'est comme la musique classique. Il faut prendre le temps de dire les choses, d'approfondir. Les tounes de quatre minutes, c'est bien, mais là on arrive avec des plans bien plus larges. C'est autre chose, mon gars. On raconte une histoire», explique Luc Lemay, en précisant que cette oeuvre «concept» tournera entièrement autour de la cause tibétaine.

Le pire, c'est qu'en renouant avec la musique, Luc Lemay a aussi renoué avec l'industrie du disque. Et de ce côté, les choses ne se sont pas exactement passées comme prévu. Gorguts a tenté d'annuler le contrat qui le liait à l'étiquette européenne Century Media. Mais les deux parties n'ont pas réussi à s'entendre et l'album, prêt depuis quelques mois, n'est toujours pas sorti.

Faute de nouveau matériel à offrir, le groupe a été obligé d'annuler toutes ses dates européennes pour l'été, y compris de nombreux festivals spécialisés, dont le populaire Hellfest en France. «C'est ça, travailler avec des comptables, mon gars: du maudit piétinage légal, peste Luc Lemay. Mais bon. Ça va se régler. Notre album est chaud pis ça va fesser dans les dents!»

En attendant, Gorguts se produira ce week-end à Heavy MTL, pour son premier concert montréalais en 10 ans. Que les fans se le tiennent pour dit: ce show d'à peine 45 minutes n'inclura que des vieux morceaux, tirés des quatre premiers albums du groupe.

Occasion, peut-être, de faire le bilan de ces deux décennies de «grunts» (la fameuse voix death metal) et de riffs athlétiques, qui ont fait de Gorguts une valeur sûre du circuit death, pas trop loin derrière Cryptopsy, Suffocation ou Entombed.

Surpris d'être encore là, après 20 ans de borborygmes? «On ne s'est pas posé la question, répond Lemay, 39 ans. On a juste fait ce qu'on avait à faire. À 50 ans, peut-être que je ne me brasserai plus sur une scène, ça ne m'intéressera pas. Mais je peux te dire que je me vois très bien écrire des disques. L'inspiration est encore là, mon gars.»

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GORGUTS se produit demain, 21 h 45, à Heavy MTL.

Trois scènes, 40 groupes et beaucoup de décibels: le 3e festival Heavy MTL devrait encore remplir ses promesses, même si la vente de billets se déroule moins bien que prévu. La présence de Kiss, qui en est à sa 4e visite québécoise en deux ans, n'a peut-être pas aidé. Mais les puristes pourront toujours se rabattre sur Disturbed, Motorhead, Godsmack, Morbid Angel, Death Angel, Girlschool, Diamond Head, Opeth, Necronomicon et autres groupes aux noms peu rassurants pour se faire rincer les oreilles. Avis aux intéressés: les groupes locaux se produiront sur la troisième scène. Pour un aperçu de cette fameuse scène métal québécoise, dont on parle peu, mais qui se porte assez bien merci.

Informations: www.heavymtl.com