Roland Bréard et Jimmy Beaudoin travaillent ensemble au département d'audiovisuel de l'UQAM. Ils font également partie du groupe Les Revenants, qui vient de faire suite à un EP avec un premier album qui a pour titre Bêtes lumineuses et qui suscite beaucoup d'enthousiasme en ce début d'année.

Roland Bréard regardait du coin de l'oeil le guitariste et chanteur Jimmy Beaudoin quand ce dernier était dans Les Prostiputes. «Quand j'ai quitté le groupe, j'avais des chansons que j'avais faites en ermite et Roland m'a invité à enregistrer chez lui», raconte Beaudoin.

Pendant deux ans, les deux collègues du département d'audiovisuel de l'UQAM ont fait de la musique ensemble (guitare et contrebasse), avant que d'autres musiciens ne s'ajoutent. «Durant la première incarnation des Revenants, notre carte de visite était de ne pas avoir de batterie.»

C'était avant que Frédéric Lamoureux n'offre ses services et que Jonathan Fecteau complète le quatuor en remplacement de Félix B. Desfossés. «Jimmy écrit les paroles, puis le son est placé à quatre, explique Roland Bréard. On habille son travail.»

Pour poursuivre dans la métaphore vestimentaire, disons que la musique country, rockabilly, country, surf rock et folk des Revenants est loin d'avoir froid, tellement elle est habillée de multiples couches sonores qui se marient merveilleusement bien dans un bouillant trip de cordes.

«Nous sommes trois instrumentistes à cordes et aussi des solistes, explique Jimmy Beaudoin. Nous faisons tous plus de lignes mélodiques que d'arrangements. Mais les choses se placent et on forme un bloc.»

L'auditeur part en voyage dans l'Amérique profonde avec Les Revenants, passant du western spaghetti au rock psychédélique, avec un nuage vaporeux de fuzz et de reverb. Jimmy Beaudoin n'écoutait-il pas The Cure ou Nirvana comme les autres adolescents de son âge?

«J'ai eu la chance d'avoir des parents qui ont grandi dans le canton de Dorchester, raconte-t-il. Ils ont connu les premières années du rock'n'roll avec Hank Williams qui jouait à la radio. Puis, il y a eu ma soeur qui écoutait Blue Rodeo et les Cowboy Junkies.»

«Dans Les Prostiputes, j'avais un rôle de guitariste rock'n'roll et rockabilly, rappelle-t-il. Je savais que j'allais finir par faire ça!»

Les Revenants ont un son très américain, mais Jimmy Beaudoin chante en français des histoires d'«auto-stoppeuse», de «lac à vase», de «frère loup-garou» et de «ballade de meurtre». «Nous avons un groove rock, mais avec des chansons et des histoires. Au Québec, on a la culture de la boîte à chansons et on vit avec ça.»

«Jimmy réussit à écrire en français sans que tu aies l'impression que ça devrait être an anglais», ajoute Roland Bréard.

De baptiser l'album en s'inspirant du documentaire La bête lumineuse de Pierre Perrault (où la chasse était un prétexte pour fouiller l'âme de l'homme québécois) n'est pas un hasard. «C'est un album de garçons qui ont perdu leur vieille peau, indique Jimmy Beaudoin, qui vient d'avoir 30 ans. Un gars qui se cherche, c'est pas mal ça, Bête lumineuse. Être à la recherche de quelque chose que tu n'as pas encore.»

Les Revenants ont enregistré leur album «live en studio» avec «Jo des Breastfeeders» (Jocelyn Gagné), et c'est Ryan Battistuzzi qui s'est chargé du mixage. «C'est un projet qui nous donne du carburant, dit Roland Bréard. Ça nous donne de l'énergie.»