On ne compte plus les fois où Pieter Wispelwey est venu au LMMC. Le feuillet remis à la porte parlait de «septième engagement», mais ce détail suivait la notice biographique de son nouveau partenaire, le pianiste russe Alexander Melnikov, de sorte qu'il y avait là confusion.

Confusion aussi lorsque le violoncelliste néerlandais change l'ordre de son programme et l'annonce dans une diction tellement mauvaise qu'on ne sait plus s'il parle en anglais ou en français... ou peut-être en hollandais?On n'a pas compris davantage le nom de l'arrangeur de la Valse op. 18 de Chopin donnée en rappel. Il s'agit du Russe Karl Davidov, violoncelliste et auteur de concertos pour son instrument.

Pour ce qui est de la modification dans l'ordre des pièces, elle importe peu - même si elle en a irrité plusieurs - puisque le programme est resté inchangé.

Plutôt intéressant, ce programme qui mettait l'accent sur le lyrisme plutôt que sur la virtuosité. Comme si le violoncelliste de 46 ans devenait sage et, en même temps, voulait montrer qu'il est possible de composer un récital de violoncelle sans aller chercher Bach, Beethoven ou Brahms.

De toute façon, le seul nom de Wispelwey avait fait salle comble. Et l'invité jouait, bien sûr, sur son Guadagnini de 1760, d'acquisition assez récente et évalué à 800 000$, et dont la sonorité profonde remplissait la salle.

La Sonate de Barber et la Sonate de Rachmaninov ne sont pas des oeuvres passionnantes, mais Wispelwey leur a apporté le maximum d'expression et de beauté sonore, en fait les a transformées.

Les cinq Variations de Martinu offrent un certain intérêt de nouveauté et le violoncelliste leur a donné un beau relief. La rare Sonate de Chopin venait en fin de récital et fut quelque peu expédiée. On a noté l'omission de la reprise au premier mouvement (alors qu'elle y était dans le Rachmaninov) et on a entendu quelques grincements.

De tous les partenaires que Wispelwey nous a emmenés, Melnikov est certainement celui qui joue le plus fort. Si fort même que, bien souvent, on n'entendait que le piano et rien du violoncelle. Avec Melnikov, un simple «f» devient automatiquement «ff» et même «fff». Pourtant, ce pianiste est aussi capable de subtilité. On s'en souvient peut-être: il avait joué le cinquième Concerto de Saint-Saëns (l'Égyptien) il y a quelques années à Lanaudière.