Naxos consacre un disque de sa série «American Classics» à quatre quatuors à cordes d'autant de compositeurs, joués par le Fine Arts Quartet. Cet ensemble est bien connu des discophiles, ayant été formé en 1946. Mais sa composition a complètement changé au cours des ans et les membres actuels sont là depuis 1980 environ.

Ralph Evans, le premier-violon, né en 1953 et donc après la création du groupe, est aussi l'auteur du premier quatuor entendu ici. Il en entreprit la composition en 1966-68, l'abandonna et n'y revint qu'une trentaine d'années plus tard, en 1995. L'oeuvre ne se veut pas d'avant-garde: elle est plutôt néoclassique, d'une facture robuste et même mélodique.

 

Philip Glass est ensuite représenté par son deuxième Quatuor, de 1983, où il utilise des éléments d'une musique destinée à une dramatisation d'un texte de Samuel Beckett intitulé (ic) Company (xc) - d'où le sous-titre donné au quatuor.

L'oeuvre comprend quatre brefs mouvements, tous identifiés par des mesures métronomiques: 96 ou 160 à la noire. Qui dit Glass dit répétition et, une fois de plus, c'est ce que propose notre minimaliste. À travers le martèlement, pendant deux ou trois minutes, d'un même motif rythmique, une ligne mélodique mince et très banale se dessine, disparaît et revient. Tout cela sent le truc et ne procure aucun plaisir musical. De courte durée, heureusement: moins de neuf minutes.

Dans son troisième Quatuor, de 1948, George Antheil se contente d'une musique moins prétentieuse, d'allure folklorique, à la Dvorak, qui met successivement en relief chacun des quatre instruments. Quatre mouvements ici encore.

L'oeuvre la plus longue et celle qui laisse la plus forte impression est le quatuor de Bernard Herrmann intitulé (ic) Echoes (xc), de 1965. Vingt minutes, une dizaine de petites sections contrastantes, enchaînées - (ic) Valse lente (xc), (ic) Nocturne (xc), (ic) Scherzo macabre (xc), etc. - où le compositeur bien connu de musique de film confirme son vaste talent de créateur d'atmosphères.

Indépendamment de leurs mérites respectifs, ces quatre quatuors ont un point commun: ils requièrent la plus grande virtuosité collective et la trouvent au sein du Fine Arts Quartet, dans une excellente prise de son.

Un cinquième nom vient à l'esprit: Elliott Carter. Le doyen des compositeurs américains, qui célébrait son centenaire le mois dernier, a écrit cinq quatuors. Il ne figure pas ici pour la bonne raison que Naxos a confié sa musique à un autre groupe, le Quatuor Pacifica.

FINE ARTS QUARTET: EVANS, GLASS, ANTHEIL, HERRMANN

Naxos, 8.559 354

*** 1/2