Malgré le froid qu'il faisait samedi soir, près de 300 personnes sont venues à Redpath écouter le programme fort original qu'avait préparé Matthias Maute pour les choristes et instrumentistes de son Ensemble Caprice.

L'oeuvre principale était le Requiem allemand - Ein deutsches Requiem - de Brahms dans l'arrangement pour piano à quatre mains que le compositeur réalisa peu de temps après la création de la version avec orchestre.

 

Quatre mains courant sur un seul clavier ne remplacent évidemment pas l'orchestre. Cet arrangement du Requiem allemand appartient tout simplement à ce vaste répertoire de réductions à quatre mains qui, à une certaine époque, permettaient aux musiciens de prendre connaissance des nouvelles oeuvres et de les travailler chez eux. Dans le cas présent, les parties vocales restent inchangées, bien que le choeur soit réduit à 20 chanteurs, pour des raisons d'équilibre.

Jouant sur un Steinway de 1879, soit l'époque même de Brahms, les pianistes Tom Beghin et Eric Helyard parvinrent à recréer le relief du discours orchestral original et à assurer aux voix un appui continu. Dirigeant de mémoire, le chef Maute partagea son attention entre le piano-orchestre et le petit choeur mixte. Là encore, l'oreille devait s'adapter. Il est sûr qu'une masse de 150 voix crée une impression plus forte. Le choeur de chambre entendu samedi soir nous valut une autre façon de recevoir le Requiem allemand: plus détaillée au plan des composantes et des nuances de texte, plus intime, voire plus intérieure.

La partition comporte deux solos de baryton et un de soprano. Le nouveau venu Stephen Hegedus s'impose déjà par sa voix ferme et son autorité, mais Monika Mauch, pourtant venue d'Allemagne pour l'occasion, fut assez quelconque.

On inséra la cantate Ich habe genug de Bach au milieu du Requiem allemand, selon une pratique qui remonterait à Brahms et, là encore, dans un arrangement. Cette cantate est pour voix de basse, mais il en existe aussi une version pour soprano, qui serait de Bach lui-même, et que Natalie Dessay vient d'enregistrer. Samedi, on avait non seulement remplacé la basse par une soprano mais remplacé tout l'orchestre par une flûte et un piano. Cet arrangement, signé Eric Helyard, n'apporte absolument rien à l'original, surtout que Mme Mauch y fut des plus ordinaires.

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ENSEMBLE CAPRICE. Dir. Matthias Maute. Solistes: Stephen Hegedus, baryton, et Monika Mauch, soprano. Samedi soir, Redpath Hall de l'Université McGill. Programme: Ein deutsches Requiem, op. 45 (1857-69) - Brahms Cantate Ich habe genug, BWV 82 (c. 1731) - J. S. Bach