L'Orchestre Symphonique de Montréal se tournait encore une fois vers la musique française pour son programme «Air Canada» de cette semaine et y ajoutait un tirage de billets d'avion dont les gagnants iront entendre l'OSM à Paris en avril.

En passant, il serait grand temps que l'OSM dévoile les détails de cette tournée, détails que les musiciens ont en mains depuis plusieurs semaines déjà.

 

«Menu à la française», annonçait le programme. «Menu français» aurait été plus simple et plus juste. La musique française choisie pour ce programme populaire n'était pas de Debussy ou de Ravel mais celle, plus populaire, justement, de Berlioz et de Saint-Saëns. Chef invité et soliste venaient aussi de France: Jean-Claude Casadesus y est un chef reconnu et le pianiste américain Nicholas Angelich y est fixé depuis longtemps.

Un Berlioz à grand effet, l'ouverture Le Carnaval romain, donne un fulgurant départ au concert. M. Casadesus y fait briller l'orchestre de tous ses feux, mais toujours avec clarté et sans vulgarité. Et le cor-anglais de Pierre-Vincent Plante en est, comme depuis tant d'années, le plus bel atout.

On s'étonne simplement que le chef invité prenne sa partition pour un morceau aussi connu. Comme on s'étonne que M. Angelich ait la sienne ouverte dans le piano pour le deuxième Concerto de Saint-Saëns. Il est vrai qu'il la regarde peu, mais quand même...

La publicité de l'OSM présentait M. Angelich comme une «étoile montante», ce qui fait un peu sourire pour un pianiste qui a 39 ans cette année. M. Angelich n'en est d'ailleurs pas à son premier passage ici. Abstraction faite de quelques petites erreurs sans importance, il traverse le plus connu des concertos de Saint-Saëns avec succès. Je connais des interprétations ayant plus de panache, d'autres plus d'éclat, mais celle-ci fait l'affaire. Et M. Casadesus suit bien les rubatos du soliste.

De Saint-Saëns encore, on revient, après l'entracte, à la sempiternelle Symphonie avec orgue. L'OSM semble ignorer qu'il existe quatre autres symphonies de Saint-Saëns, comme il existe quatre autres concertos pour piano du vieux maître. Quoi qu'il en soit, M. Casadesus et l'orchestre se montrent là en terrain familier et nous rappellent que cette musique pompeuse a aussi de la dignité.

Cette fois, l'OSM a changé d'orgue et d'organiste. François Zeitouni, l'organiste du Gesù, joue sur un instrument électronique qui imite assez bien l'orgue à tuyaux. La partie d'orgue y reste néanmoins peu importante. Ce qui explique sans doute que le chef fasse lever tous les premiers-pupitres avant d'inviter l'organiste à sortir de sa cachette.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Jean-Claude Casadesus. Soliste: Nicholas Angelich, pianiste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Air Canada». Programme: Le Carnaval romain, ouverture de concert, op. 9 (1844) Berlioz Concerto pour piano no 2, en sol mineur, op. 22 (1868) Saint-Saëns Symphonie no 3, en do mineur, avec orgue, op. 78 (1886) Saint-Saëns.