L'Opéra de Montréal avait monté Così fan tutte à Wilfrid-Pelletier en 2000 et l'Atelier lyrique de l'OdM avait suivi en 2002 avec une production de tournée accompagnée au piano. L'Atelier reprend le célèbre opéra bouffe de Mozart, cette fois avec orchestre et dans le cadre intime et ancien du Monument-National.

Il s'agit, bien sûr, d'une production entièrement nouvelle, avec une distribution également nouvelle. En fait, il y a deux distributions. Celle de la première, samedi soir, revient en scène mercredi et samedi prochain. L'autre distribution est là ce soir et jeudi soir. Avec deux productions assez récentes, plus celle de McGill l'an dernier, le scénario est devenu familier à tous. Un bref rappel, quand même. Le vieux cynique Don Alfonso invite ses deux jeunes amis Guglielmo et Ferrando, fiancés aux deux soeurs, Fiordiligi et Dorabella, respectivement, à mettre à l'épreuve leur fidélité. Ils feignent de partir pour la guerre, reviennent déguisés, chacun faisant la cour à la fiancée de l'autre. Les deux femmes résistent d'abord, puis succombent, et leur servante Despina, complice d'Alfonso, se fait notaire et organise un mariage qu'interrompt le retour des deux fiancés.

Ce Così est donné en costumes modernes et dans une scénographie sommaire : quelques meubles placés dans le noir par des figurants, quelques accessoires qui descendent du plafond. Les deux héroïnes jouent d'ailleurs nu-pieds. Les costumes sont frais et colorés, mais celui du «notaire» est très chargé et le chapeau de Fiordiligi au tableau du mariage est ridicule.

François Racine a signé une mise en scène très vivante qui contient quelques subtilités : par exemple, ce sourire complice de Dorabella, qui sera la première à rendre les armes, mais qui se ressaisit devant le regard réprobateur de sa soeur aînée Fiordiligi.

Au plan vocal, il s'agit d'un bon exercice pédagogique. La meilleure voix est celle de Pierre-Étienne Bergeron, en Guglielmo. En toute équité, il faudrait placer Caroline Bleau sur le même pied car, en Fiordiligi, elle hérite des deux airs les plus difficiles de la partition et les exécute plus qu'honorablement. Les autres voix sont très satisfaisantes, sauf David Menzies, ténor faible et légèrement faux. À signaler: le numéro comique de Marianne Lambert en Despina.

La baguette du chef invité Paul Nadler, du Metropolitan, est plutôt lourde et les violons de l'Orchestre de la Francophonie canadienne manquent souvent de justesse.

________________________________________________________________________________________

«COSÌ FAN TUTTE», opéra bouffe en deux actes, livret de Lorenzo da Ponte, musique de Wolfgang Amadeus Mozart, K. 588 (1790). Production : Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal. Mise en scène : François Racine. Décor : Perrine Biette. Costumes : Marianne Thériault. Éclairages : Stéphane Hort. Orchestre de la Francophonie canadienne. Dir. Paul Nadler. Avec surtitres français et anglais. Salle Ludger-Duvernay du Monument-National. Première samedi soir. Autres représentations : auj., merc., jeu. et sam., 20 h.