Extraordinaire soirée, au Centre Bell, hier: pour marquer ses 75 ans d'existence, l'Orchestre Symphonique de Montréal célébrait le centenaire de l'équipe des Canadiens en musique, mais aussi en projections, en chanson, en textes inspirés... Bref, devant quelque 15 000 «partisans», l'OSM a marqué énormément de buts et amassé pas moins de deux millions de dollars pour assurer sa pérennité au cours de cet événement-bénéfice hors du commun.

L'an dernier, l'OSM et son chef Kent Nagano avait déjà marqué des points en présentant en février 2008 un concert baptisé Les légendes du hockey. Hier soir, c'était rien de moins que La rencontre du siècle. Celle de l'OSM et des Glorieux, celle de l'OSM et du Centre Bell. Mais aussi la rencontre de l'OSM et d'un public qui souvent le «voyait» pour la première fois de sa vie.

Un public souvent en jeans, avec enfants, casquettes, chandail du Canadien, qui recevait, ébahi, un cadeau aux multiples splendeurs: l'Orchestre lui-même au grand complet et en très grande forme, un Kent Nagano inspiré, une dizaine de nos vétérans bien-aimés des Glorieux (Jean Béliveau, Guy Lafleur, Pierre Bouchard, Yvan Cournoyer, etc.). Mais aussi le très respecté corps de clairon du 34e Groupe-brigade du Canada appuyé par la fanfare du collège de Notre-Dame - soit quelque 200 cuivres, les amis!

Également au programme: Natalie Choquette et Gino Quilico, une acrobate du Cirque Éloize (en patins pour l'occasion), quatre chanteurs lyriques solides, un écran semi-circulaire gigantesque où étaient projetées photos et images (plus deux écrans géants où on pouvait suivre les musiciens et le chef: un véritable cinéma-aréna!), de beaux éclairages, une mini-patinoire «sur» la scène et surtout, pas moins de 1500 choristes pour interpréter le dernier mouvement - le fameux Hymne à la joie - de la Symphonie no 9 en ré mineur de Beethoven. Imaginez ça, 1500 choristes qui chantent dans une enceinte à l'acoustique nettement supérieure à celle de la salle Wilfrid-Pelletier, et vous comprendrez que l'OSM a remporté la partie haut la main.

L'OSM a remanié considérablement le programme de la soirée, si on le compare avec celui présenté l'an dernier. Oui, le récit symphonique Les Glorieux, composé par François Dompierre et entrecoupé de textes écrits par Georges-Hébert Germain était toujours de la partie, mais c'était cette fois Pierre Lebeau qui en était le narrateur sensible et efficace.

Les dialogues entre Jean Béliveau, Réjean Houle, Dickie Moore, Yvan Cournoyer et autres Glorieux étaient pour leur part projetés sur les célèbres banderoles des Coupes Stanley qui pendent du plafond du Centre Bell. Le 1er mouvement de la Symphonie no 5 de Beethoven, l'oeuvre Fanfare for the Common Man de Copland (le thème à l'émission sportive de CBS!), un extrait de The Planets, de Gustav Holst, un extrait de Pini di Roma, de Respighi, une chanson écrite pour l'occasion par Michel Rivard et Dompierre, le thème de La soirée du hockey orchestré par Simon Leclerc (et composé, rappelons-le, par Dolorès Claman). La soirée s'est terminée par Claude Dubois entonnant Comme un million de gens et, au rappel, une version orchestrale de... «Na, na, na, hey, hey, goodbye» interprétée notamment par Natalie Choquette et les quatre finalistes masculins de Star Académie.

Autre grand moment de la soirée: la musique du beau film Maurice Richard (composée par Michel Cusson), interprétée pendant que défilaient sous nos yeux des extraits du long métrage de Charles Binamé et certains des plus beaux buts comptés par les Glorieux au fil des ans.

Émouvant. Mais un tour du chapeau était-il possible? Oui, puisque le Canadien a gagné 5 à 1 contre les Islanders, comme l'a annoncé, sous les acclamations des 15 000 partisans de l'OSM, la voix de Michel Lacroix.