À l'âge de 70 ans, Anton Kuerti ne se repose pas souvent. De retour de Chicago où il a joué le premier concerto de Beethoven, le voilà déjà d'attaque pour trois soirs au Festival de musique de chambre de Montréal.

Des récitals, le pianiste torontois né à Vienne ne craint pas d'en donner beaucoup, en plus d'enseigner. Pour garder la forme, il pratique la course à pied à l'occasion, se déplace en vélo, fait de la voile, du canot, et prend ses vitamines! a-t-il expliqué hier dans le salon d'un ami mécène, chez qui il s'apprêtait à répéter avec la violoniste Lara St-John.

Il jouera en sa compagnie demain soir, notamment la Sonate en la majeur pour violon et piano de César Franck. Ce sera sa première collaboration avec Mme St-John. Ce soir, le choix du programme se porte, entre autres, sur deux compositeurs dont c'est l'anniversaire en 2009: Haydn, décédé en 1809, et Mendelssohn, né la même année. Il jouera, entre autres, la Sonate no 62 en mi bémol majeur de Haydn.

«Les sonates de Haydn ne sont pas jouées souvent, mais ce sont de véritables joyaux, dit-il. Très différentes des sonates de Mozart ou de Beethoven, elles sont pleines de vivacité et d'invention. Le second mouvement de celle-ci est un adagio, très profond, mais aussi rempli d'humour et d'élégantes surprises.»

Un public mélomane

Anton Kuerti se dit content de voir que le Festival demeure bien vivant après 14 ans, notamment grâce aux efforts de son fondateur, Denis Brott. Mais il aimerait bien que l'événement connaisse un succès populaire aussi grand que celui du festival de musique de chambre d'Ottawa.

«Des milliers de gens veulent y aller, dit-il. Ils font la queue à la porte des églises pour assister aux concerts. On a réussi à créer un engouement et à présenter plusieurs concerts par jour. J'espère qu'un jour ce sera comme ça ici aussi.»

Il n'y a pas de raison pour qu'il n'en soit pas ainsi, car les Québécois sont les plus grands mélomanes du Canada, explique le pianiste. De tous les disques de musique classique vendus au pays, la moitié des ventes se font ici. Il suffit de trouver des formules combinant des programmes intéressants et des prix abordables et plus de gens viendront aux concerts de musique classique. Car celle-ci devrait être accessible, et occuper une plus grande place dans notre société, croit-il. Mais c'est beaucoup une question d'argent pour y arriver. Sur cette question, le grand musicien s'enflamme.

«Partout, les orchestres symphoniques et les compagnies d'opéra sont considérés comme très importants dans la culture du pays, mais ça coûte cher, dit-il. Et ce n'est certainement pas le présent gouvernement du Canada qui va aider. Leur attitude envers les arts est méprisable!»

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Anton Kuerti, Festival de musique de chambre de Montréal, 13, 14 et 16 mai, 20 h, Église Unie St-James.