Le succès que Yannick Nézet-Séguin connaît présentement à New York lui a valu une ovation bruyante et prolongée - et fort méritée - de la part des 2300 personnes qui, venues écouter l'Orchestre Métropolitain lundi soir, salle Wilfrid-Pelletier, se sont levées spontanément en le voyant entrer en scène.

Accueilli au micro par la présidente-directrice générale de l'OM, Luce Moreau, le jeune chef a remercié le public avec la même simplicité qu'il a toujours gardée.

Son programme était partagé entre deux noms seulement, Brahms et Bruckner, chacun étant représenté par une oeuvre totalisant près d'une heure. Du premier, le premier Concerto pour piano; du second, la première Symphonie (qui est en fait sa troisième, comme l'a rappelé le jeune chef). Pur hasard, sans doute, ce programme rapprochait deux compositeurs qui furent au centre d'une querelle entretenue par le critique viennois Eduard Hanslick, défenseur de Brahms et détracteur de Bruckner.

Nicholas Angelich, pianiste américain de naissance et français d'adoption, a joué le Brahms avec la technique puissante que l'oeuvre requiert et l'expression d'un véritable interprète. Ses rubatos tout à fait gratuits et non indiqués par Brahms n'ajoutaient rien à l'ensemble.

Nézet-Séguin et l'orchestre lui accordèrent un soutien constant, avec des cordes sombres et expressives. Le public fut admirable d'attention. Plus de 2000 personnes dans la salle... et pas le moindre applaudissement entre les mouvements! Quel beau silence!

La même qualité d'écoute accompagna le Bruckner d'après-entracte. Cette première Symphonie existe en deux versions: celle dite «de Linz», de 1866, et la révision dite «de Vienne», de 1891. Le programme laissait entendre que la version jouée était celle de 1866. Nézet-Séguin précisa au micro qu'il avait plutôt choisi la version de 1891. Les deux versions diffèrent dans les détails mais non dans la physionomie générale.

L'oeuvre n'offre pas l'intérêt des dernières symphonies du vieux maître. Ainsi, l'Adagio naïf paraît interminable et provoque une léthargie dont nous tira l'énergique et original Scherzo. Malgré quelques petites fautes, l'ensemble avait du caractère et sonnait bien.

Un nouveau venu occupait le poste de violon-solo lundi soir: Ramsey Husser qui, venu de l'OSM, rien de moins, est l'un des candidats à la succession de Denise Lupien.

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Soliste: Nicholas Angelich, pianiste. Lundi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Reprise ce soir, 19h30, église Saint-Sixte de Saint-Laurent. Programme: Concerto pour piano et orchestre no 1, en ré mineur, op. 15 (1854-58) - Brahms; Symphonie no 1, en do mineur (1865-66, rév. 1890-91) - Bruckner