Salle comble pour les Musici mercredi soir: un succès de box-office dont le petit orchestre a grand besoin présentement et dans lequel il faut voir les noms de Frédéric Chopin et de Dang Thaï Son, tous deux au centre d'anniversaires. Pour Chopin, c'est le 200e de la naissance; pour le pianiste vietnamien fixé à Montréal comme professeur, le 30e du grand prix au Concours Chopin de Varsovie, en 1980.

Principale oeuvre au programme, le deuxième Concerto du célèbre Polonais était joué avec, pour tout orchestre, les 15 cordistes des Musici, cette réduction étant du Trifluvien Gilles Bellemare. La pratique n'est pas nouvelle et s'appuie sur des documents historiques selon lesquels Chopin lui-même jouait ses concertos avec de petits ensembles à cordes.

 

Dang Thaï Son avait joué ce même deuxième Concerto de Chopin (ainsi que le premier Concerto) dans une version avec quintette à cordes, également signée Bellemare, à Lanaudière en 1998. Cette fois, l'arrangeur a simplement adapté son travail de cinq à 15 cordistes.

Au piano, pas une note n'est changée. À l'orchestre, les cordes jouent ce qu'elles jouent habituellement et, en plus, les parties des autres instruments. L'orchestration originale de Chopin est déjà fort mince; dans la réduction pour cordes seules, il ne reste presque plus rien, et même si on a mis de l'amplification dans la salle, le résultat a peu d'effet. La flûte est jouée par le violon, le basson par le violoncelle, lequel lance aussi le fameux appel de «cor de signal» aux dernières pages.

En fait, c'est le piano qu'on écoute presque exclusivement, surtout que Dang Thaï Son est irréprochable comme pianiste, comme musicien et comme interprète. Certains montrent plus d'originalité, voire du génie; d'autres font dans le spectaculaire et le mauvais goût. Dang Thaï Son prend très honorablement sa petite place dans la mêlée et l'occupe totalement.

Le silence absolu qui accompagna sa prestation était éloquent. Le pianiste bissa d'ailleurs le mouvement lent.

Le concert s'ouvrit sur les cinq charmantes minutes d'un très obscur Nocturne de Dvorak et se poursuivit avec une autre des nombreuses transcriptions du chef Turovsky, cette fois du Quatuor op. 18 no 4 de Beethoven. Rien à dire sur ces travaux relativement faciles. Signalons plutôt l'application des musiciens à jouer juste. Il y a des soirs où la chose ne leur vient même pas à l'esprit.

I MUSICI DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Yuli Turovsky. Soliste : Dang Thaï Son, pianiste. Mercredi soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Programme : Nocturne en si majeur, op. 40, B. 47 (1883) - Dvorak Quatuor à cordes no 4, en do mineur, op. 18 no 4 (1799) - Beethoven, orchestration : Yuli Turovsky Concerto pour piano et orchestre no 2, en fa mineur, op. 21 (1829) - Chopin, orchestration : Gilles Bellemare