Le plus original des enregistrements qu'a suscités jusqu'à présent le bicentenaire Chopin est certes le programme de Hyperion groupant, sous le titre français Hommage à Chopin, 13 oeuvres d'autant de compositeurs, de divers pays, jouées par le pianiste britannique Jonathan Plowright.

La plupart ont pour point de départ des pièces de Chopin ; les autres sont (ou se veulent) dans le style du célèbre compositeur polonais.

 

L'oeuvre la plus ambitieuse nous vient de cette immense personnalité musicale que fut Ferruccio Busoni : Dix Variations sur un Prélude de Chopin, création complexe et pleine d'imagination basée sur le court Prélude «funèbre» op. 28 no 20, en do mineur.

L'auteur des notes très fouillées qui accompagnent le disque précise qu'il s'agit là de la version abrégée d'une oeuvre que Busoni composa à 18 ans et qui contenait 18 variations et une fugue à quatre voix.

L'oeuvre la plus longue du disque est aussi basée sur l'un des plus courts parmi les Préludes op. 28: le septième, en la majeur. L'original fait moins d'une minute. Les 12 variations, tout en demi-teintes, qu'en a tirées Federico Mompou (en fait 13 si l'on compte l'épilogue) totalisent 21 minutes.

Les Préludes op. 28 furent aussi la source d'inspiration de Balakirev. Il a tiré des 11e et 14e, mais en les énonçant dans un ordre inverse, un morceau très virtuose, dans le style de sa fameuse Islamey.

Le chef d'orchestre Eduard Napravnik et le pédagogue Theodor Leschetizky, qui étaient aussi compositeurs, ont adressé à Chopin des «hommages» sans distinction particulière, ce qui est aussi le cas de Tchaïkovsky, Grieg, Honegger et des obscurs Benjamin Godard et Franz Bendel. Sir Lennox Berkeley a au moins le mérite d'avoir brodé trois mazurkas «à la moderne». Quant à Villa-Lobos et Godowsky, ce qu'ils proposent ressemble davantage à leur musique qu'à celle de Chopin.

MUSIQUE

HOMMAGE À CHOPIN.

JONATHAN PLOWRIGHT, PIANISTE. HYPERION, (4)