Le programme du mercredi soir à la Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion, était partagé hier entre deux très jeunes musiciens en début de carrière. La directrice artistique, Dominique Morel, promettait deux «Découvertes» et elle ne s'est certainement pas trompée.

Le programme du mercredi soir à la Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion, était partagé hier entre deux très jeunes musiciens en début de carrière. La directrice artistique, Dominique Morel, promettait deux «Découvertes» et elle ne s'est certainement pas trompée.

Nous écoutons tout d'abord un pianiste de 20 ans de Joliette, Charles Richard-Hamelin, récemment gagnant du deuxième prix au Tremplin, la catégorie supérieure du Concours de musique du Canada. C'est sans doute à dessein qu'il commence par une oeuvre très célèbre, l'Appassionata de Beethoven, et passe ensuite à une page contemporaine connue des seuls spécialistes. Dans ce dernier cas, il s'agit du Choral et Variations, troisième et dernier mouvement de la Sonate de Henri Dutilleux qui, avec ses 10 minutes, occupe la moitié de l'oeuvre entière.

Formé par Richard Raymond, le nouveau venu (qui a adopté comme nom de famille ceux de son père et de sa mère) est déjà un pianiste d'envergure, avec une technique extrêmement solide, une musicalité toujours en éveil et un soin particulier apporté à la sonorité.

Son Appassionata est, comme il se doit, rageuse dans les deux Allegros, cependant qu'une belle sérénité habite les variations de l'Andante central. Le pianiste connaît quelques petits problèmes au finale et y omet la longue reprise.

Le Dutilleux, qui se déploie sur toute l'étendue du clavier et sur trois et quatre portées de partition, conjugue rigueur et fantaisie. Cette ambivalence est parfaitement réalisée sous les doigts du jeune pianiste.

Très applaudi, il se lance trop tôt dans un rappel, le finale d'une sonate de Haydn joué correctement, sans plus.

Si Charles Richard-Hamelin est effectivement une découverte, c'est de révélation qu'il faut parler à propos du jeune violoncelliste Stéphane Tétreault, et d'autant plus que celui-ci montre des qualités plus frappantes encore et ce, à un âge moindre: 17 ans.

Ce garçon est manifestement né pour jouer du violoncelle. Il étreint l'instrument comme un être aimé, il semble très loin de tout pendant que l'archet glisse sur les cordes et, en même temps, le contrôle instrumental est absolu.

Quelques très légers problèmes disparaissent devant le résultat final, qui est prodigieux. La profondeur du son est déjà, à 17 ans, celle d'un violoncelliste de carrière. De même, l'imagination. Ainsi, dans la Sonate de Debussy, Stéphane Tétreault souligne à gros traits certains effets indiqués. Bien que le compositeur n'en demande pas tant, le résultat a quelque chose de rafraîchissant.

Autre sujet d'étonnement : la maturité et le lyrisme que le débutant montre dans la première Sonate de Brahms. Le chant qui s'élève du violoncelle au tout début va droit au coeur.

Le jeune pianiste ukrainien Sacha Guydukov, qui assistait le violoncelliste, est un impeccable chambriste et a sa part dans cette réussite. En rappel, ils ont joué Elfentanz op. 39 de David Popper.

Stéphane Tétreault joue présentement sur un violoncelle anonyme anglais qu'il date de 1760. Il étudie avec Yuli Turovsky et jouera le 25 octobre, avec les Musici de Turovsky, mais sous la direction de Maxim Vengerov, les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovsky.

CHARLES RICHARD-HAMELIN, pianiste :

Sonate no 23, en fa mineur, op. 57 (Appassionata) (1804-05) - Beethoven

Choral et Variations, 3e et dernier mouvement de la Sonate (1946-48) - Dutilleux

STÉPHANE TÉTREAULT, violoncelliste, et SACHA GUYDUKOV, pianiste:

Sonate en ré mineur (1915) - Debussy

Sonate no 1, en mi mineur, op. 38 (1862-65) - Brahms

Hier soir, Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion.