Dédié au peuple haïtien et organisé en sa faveur, le premier concert de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) pour la saison 2010-2011, présenté en plein air sur le Parterre du Quartier des spectacles, a ravi et ému quelque 10 000 spectateurs.

Les nombreux spectateurs s'étaient massés à l'ombre de la future Adresse symphonique, apportant leurs chaises pliantes pour profiter pleinement du spectacle, les premiers étant arrivés à 16h pour le concert de 19h.

L'orchestre avait pris place sur une estrade placée sous un chapiteau érigé en demi-cercle. Le monde politique, économique et culturel s'était aussi déplacé pour l'occasion. Raymond Bachand, ministre des Finances du Québec et responsable de Montréal, représentait le gouvernement du Québec. Les conseillères municipales Helen Fotopulos et Marie Cinq-Mars représentaient la Ville de Montréal en l'absence du maire Gérald Tremblay.

On remarquait également la présence de Simon Brault, chargé de piloter l'organisme Métropole culturelle, l'avocat Bernard Roy, le président des Canadiens de Montréal, Pierre Boivin, ou encore le fondateur du Festival international de jazz de Montréal, Alain Simard.

L'ex-premier ministre québécois Lucien Bouchard, président du CA de l'orchestre, a annoncé au début de la soirée que le contrat du maestro Kent Nagano, qui s'achève le 1er septembre 2011, sera prolongé de trois ans, avec une possibilité de deux années supplémentaires.

Animée par le chanteur Luck Mervil, la soirée était diffusée en Haïti. Après le poème symphonique Don Juan, de Richard Strauss, l'OSM a interprété L'oiseau de feu d'Igor Stravinsky tandis que les artistes du cirque Éloize accompagnaient la musique de leurs acrobaties et exercices d'équilibre.

Mais quand les danseuses classiques sont arrivées sur scène des trombes d'eau se sont mises à tomber...

Tandis qu'on distribuait des vêtements de pluie aux invités d'honneur et aux journalistes (merci Air Canada!), les danseuses et les artistes poursuivaient leur numéro, toutes de blanc vêtues et protégées par le chapiteau.

Bel exercice que cette collaboration inhabituelle entre deux formes d'art. Les artistes du cirque accomplissaient leurs exercices en totale harmonie avec la musique, qu'elle soit doucement rythmée (au début) ou plus saccadée et forte par la suite. Cette harmonie plut au ciel qui cessa toute colère alors que les musiciens achevaient cet Oiseau de feu fort réussi et applaudi debout par les spectateurs. Est-ce une voie d'avenir pour populariser l'orchestre et rajeunir son audience?

Changement de registre ensuite avec l'interprétation par l'OSM de Lollapalooza, composé en 1995 par le compositeur américain John Adams.

Marie-Josée Lord a ensuite interprété avec émotion un superbe Summertime, extrait de l'opéra Porgy and Bess créé par George Gershwin en 1935.

Puis, avec en appui le bouleversant Adagio de Samuel Barber, l'écrivain Dany Laferrière a lu un texte qu'il a écrit à Port-au-Prince lors du tremblement de terre du 12 janvier dernier. Instants de poésie et de frissons, rappel des drames vécus par le peuple haïtien depuis les dictatures jusqu'aux ouragans meurtriers. Une lecture émouvante sur ces heures d'angoisse et ses «tressaillements du sol» vécues et ressentis par l'écrivain au milieu des siens, une lecture écoutée dans le silence le plus total de l'assistance, alors que l'écrivain évoquait le «silence assourdissant» du séisme.

«Je ne savais pas que 60 secondes pouvaient durer si longtemps», a dit Dany Laferrière, très applaudi quand il a terminé sa lecture en affirmant qu'Haïti continuera longtemps à occuper le coeur du monde.

La soirée s'est achevée avec Luck Mervil qui a rappelé l'importance de changer les bidonvilles en villages sains, avant d'interpréter sa chanson Mezanmi avec l'OSM. Il chantait mais s'adressait aussi, en créole, via la rediffusion télévisée, aux Haïtiens qui ont été capables de capter cet émouvant hommage qui leur était destiné.

De nombreux spectateurs ont acheté des bracelets au prix de 5 $ afin de fournir des fonds à l'organisme Vilaj Vilaj qui construit, notamment en Haïti, des villages modernes et sécuritaires. L'événement a amassé 60 000 dollars.