La mezzo-soprano québécoise Julie Boulianne réalise un rêve à New York... deux fois plutôt qu'une. L'artiste lyrique originaire de Dolbeau-Mistassini, au Lac-Saint-Jean, foule les planches du Met Opera où elle a fait ses débuts le mois dernier dans Iphigénie en Tauride, de Gluck. En prime, elle a partagé la scène avec le grand ténor Placido Domingo. Depuis le 3 mars, la jeune femme incarne Stéphano, dans le Roméo et Juliette de Gounod, dont Domingo assure la direction musicale. Nous l'avons rencontrée à New York entre deux répétitions.

Q: Depuis le 12 février, vous vous produisez sur l'une des scènes d'opéra les plus prestigieuses au monde. Quels sentiments vous habitent?

R: Au début, lors des premières répétitions, j'étais très nerveuse. Je partageais la scène avec Placido Domingo et la mezzo-soprano Suzanne Graham. Quel privilège! Et puis, avec le temps, on s'habitue. On s'aperçoit que le travail n'est pas différent au Met qu'ailleurs. C'est le même métier.

Q: Jusqu'à maintenant, est-ce que tout se passe comme vous le souhaitiez?

R: J'ai eu la grippe il y a quelques semaines. J'ai beaucoup toussé et cela a fini par affecter mes cordes vocales. Mais on apprend à gérer ces inconforts. Je suis maintenant rétablie. Et puis, au Met, tout est très efficace, bien organisé. Ce qui m'a frappée, c'est la gentillesse des gens qui y travaillent. Je ne m'attendais pas à un accueil si chaleureux. Tout de suite, je me suis sentie la bienvenue.

Q: Pour Roméo et Juliette, dans lequel vous interprétez Stéphano, c'est Placido Domingo qui assure la direction musicale. Comment se déroulent les répétitions, les représentations?

R: En fait, il n'y a pas eu beaucoup de répétitions. Ici, tout va très vite. Mais on se sent en confiance parce qu'on est entouré de vrais pros. Et puis, ce n'est absolument pas intimidant de travailler avec Placido Domingo. C'est un collègue fantastique, très généreux. Il ne m'a pas prise de haut!

Q: Dans votre premier rôle au Met, celui de Diane dans Iphigénie en Tauride, vous aviez à voler. Pour celui de Stéphano, dans Roméo et Juliette, vous devez maintenant vous battre. Qu'est-ce que cela représente comme défi?

R: En fait, j'ai passé plus de temps à répéter pour apprendre à voler et à me battre qu'à répéter pour chanter. C'était très exigeant, mais cela s'est bien passé. Pour l'Iphigénie, j'appréhendais avoir à chanter suspendue dans les airs, puis atterrir, enlever mon harnais... tout ça en même temps que je chantais. Pour les deux rôles, ce fut un défi technique autant que vocal.

Q: Où situez-vous cette étape dans l'ensemble de votre jeune carrière?

R: C'est un point culminant. Mais j'espère qu'à plus long terme, cela donnera davantage d'élan à ma carrière.

Q: Après le Met, quels sont vos projets?

R: Je reste au Met jusqu'au 20 avril puisque je serai remplaçante pour toutes les représentations du Comte Ory, de Rossini. Après, je tiendrai un premier rôle à l'opéra comique de Paris dans Les brigands d'Offenbach. Ce qui me mènera à l'été, au festival d'Orford, puis à celui de Lanaudière. Je vais être beaucoup à Montréal pendant l'été et j'en suis très heureuse.