Les grands compositeurs visiteront la cour des petits, samedi soir, sous les doigts de la pianiste montréalaise Marika Bournaki. Et grâce à Moment Factory, la musique de Schumann et de Beethoven, vue à travers l'imagination des enfants, sera projetée en images pour un concert pas comme les autres.

Avec ce concert bénéfice, bien nommé On joue!, l'école primaire Nouvelle Querbes, la plus ancienne d'Outremont, souhaite se donner les moyens de transformer sa morne cour d'école asphaltée en une cour verte plus accueillante.

Marika Bournaki, jeune pianiste de vingt ans qui est née et a grandi à Montréal, n'a pas hésité à revenir de New York, où elle étudie à la Juilliard School, pour participer au projet. Comme d'autres musiciens de la nouvelle génération, elle pense qu'il est temps de jouer la musique classique en la sortant du carcan des récitals conservateurs et guindés.

«J'ai réalisé cela pour la première fois l'an dernier à Séoul, en Corée, en jouant une Suite pour deux pianos de Rachmaninov avec un collègue dans le cadre d'un projet multimédia qui intégrait la danse et la technologie, dit-elle. Ce sont des moyens que l'on devrait utiliser plus souvent dans les concerts: jouer avec l'éclairage, la mise en scène, s'adresser aux spectateurs. C'est important, en plus d'interpréter la musique, de parler avec le public. Les gens l'apprécient.»

Les musiciens classiques doivent sortir de leur bulle, croit-elle. «Je me souviens d'être allée à un concert de Martha Argerich, et je rêvais tellement d'entendre sa voix, de l'entendre parler de la musique et de ce qu'elle aime, dit-elle. Les autres artistes, comme les acteurs ou les musiciens pop, parlent souvent. Il faut sortir de notre petit monde pour partager la musique et la rendre plus accessible.»

Au cours des derniers mois, la pianiste s'est rendue à l'école Nouvelle Querbes pour jouer des extraits de ses pièces et discuter avec les élèves. Ces derniers ont ensuite réalisé des dessins ou des collages en s'inspirant de la musique. C'est ainsi qu'Aufschwung, la seconde pièce des Fantasiestücke, de Schumann, a provoqué des images de tourbillons, de volcans et d'explosions. L'enthousiasme des enfants et le sérieux qu'ils ont mis à la tâche a impressionné la musicienne.

«C'est très important pour moi de partager la musique avec les enfants, dit-elle. J'ai eu la chance, quand j'étais petite, d'être en contact avec beaucoup de musique classique, et je pense que celle-ci devrait jouer un rôle important dans l'éducation. Quand on est petit, on est plus ouvert que lorsqu'on est adolescent ou adulte.»

La musique avant tout

En plus des projections artistiques, un petit scénario et des dialogues avec les enfants ont été intégrés au concert. Toutefois, la musique restera reine de la soirée.

«C'est une projection en douceur, qui laisse tout l'espace à l'artiste et à sa musique, explique Mareike Lenhart, directrice artistique chez Moment Factory. On voulait que ce soit vraiment simple.»

L'entreprise montréalaise, qui réalise le contenu visuel du nouveau spectacle de Céline Dion à Las Vegas, avait une bonne raison de contribuer bénévolement au concert. Les deux fils de Mareike Lenhart et Sakchin Bessette, partenaires dans la boîte multimédia, vont à l'école Nouvelle Querbes.

Une carrière prometteuse

À vingt ans, Marika Bournaki compte déjà bon nombre de concerts à son actif. À neuf ans, elle jouait comme soliste avec l'OSM. À onze ans, elle interprétait le premier concerto pour piano de Beethoven avec l'Orchestre métropolitain.

Dès l'année suivante, elle se rendait à New York une fois par semaine pour suivre des cours avec Yehoved Kaplinsky.

Après deux ans de navette hebdomadaire, un déménagement dans la Grosse Pomme s'imposait. C'est ainsi qu'elle quittait la maison familiale à 14 ans pour poursuivre ses études à Juilliard, où elle aura terminé son baccalauréat dans un an.

Au cours des dernières années, elle s'est notamment produite en Allemagne, en Belgique, en Suisse et en Russie avec l'Orchestre symphonique de Saint-Pétersbourg. L'an dernier, elle jouait à Carnegie Hall dans le cadre d'un concert bénéfice pour la fondation Glenn Gould, qui, comme Martha Argerich, fait partie de ses idoles.

Au récital de samedi, on entendra deux sonates de Scarlatti, les 32 Variations en ut mineur de Beethoven, Fantasiestücke, de Schumann, et la Sonate no 13 en la majeur de Schubert. En seconde partie du spectacle, la chanteuse pop ontarienne Andrea Lindsay, qui a remporté un Juno en 2010, interprétera quelques chansons accompagnées au piano.

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Marika Bournaki, concert-bénéfice On joue! 16 avril, 19 h 30, Théâtre Outremont - www.courverte.org