Le Concours international de piano 2011 s'est terminé hier soir par le traditionnel concert-gala des principaux lauréats, devant une assistance substantielle, salle Wilfrid-Pelletier.

On se serait volontiers passé des ouvertures de Mozart et de Mendelssohn pour entendre à la place un quatrième lauréat, le but de ce concert n'étant pas de faire entendre un orchestre mais plutôt des gagnants de concours.

M. André Bourbeau, le président du Concours musical international de Montréal, a d'abord invité diverses personnes et personnalités, dont la ministre de la Culture, Christine St-Pierre (qui a aussi adressé la parole), à remettre les prix aux lauréats.

On connaît déjà les noms des titulaires des trois premiers prix : Beatrice Rana, d'Italie (30 000 $), Lindsay Garritson, des États-Unis (15 000 $), et Henry Kramer, également des États-Unis (10 000 $).

Les noms des gagnants des autres prix ont été annoncés hier soir.

En plus du grand prix, la petite Beatrice Rana -à 18 ans, le plus jeune des 24 concurrents, hommes et femmes- reçoit le Prix du public (5 000 $) et le prix de la meilleure exécution de la pièce canadienne inédite imposée en première épreuve, A Wild Innocence, de David L. McIntyre (5 000 $).

Le prix du meilleur concurrent du Canada (5 000 $) va à Tina Chong et le prix Joseph-Rouleau du meilleur concurrent du Québec (5 000 $) va à Steven Massicotte.

Les trois autres finalistes, Yulia Chaplina, de Russie, Jong Ho Won et Zheeyoung Moon, tous deux de Corée du sud, ont reçu chacun une bourse de 2 000 $.

Jean-François Rivest et l'Orchestre Métropolitain étaient de nouveau sur scène pour accompagner les trois premiers lauréats qui reprenaient (en tout ou en partie) ce qu'ils avaient présenté en épreuve finale.

De Maisonneuve, lieu de la finale, on passait donc à Wilfrid-Pelletier, salle trois fois plus grande. Malgré la différence de perspective visuelle et acoustique, l'impression est restée la même. L'écart entre Garritson et Kramer (les deuxième et troisième prix) et Rana (le premier prix) est invraisemblable. Le jury évaluait les concurrents sur trois épreuves et son choix final est certainement le bon. Il reste que ce que nous avons entendu hier soir en concerto de la part des deux premiers n'était pas digne d'un concours international. Comme en finale, Garritson et Kramer ont joué comme des élèves très doués, rien de plus. Dieu merci, Garritson a été limitée à deux des quatre mouvements du deuxième Concerto de Prokofiev et Kramer, au seul premier mouvement du Concerto en sol de Ravel.

Tout à l'opposé, Beatrice Rana a traversé le premier Concerto de Tchaïkovsky avec une fougue et une puissance sonore extraordinaires et, en même temps, une recherche dans le rubato et l'expression qu'elle n'avait pas en finale. La petite nous a donné hier soir du grand piano, au sens le plus complet du terme. Précédemment, elle avait apporté le maximum à la courte pièce imposée, style Prokofiev.

Animé par Françoise Davoine et Kelly Rice, le concert-gala fut suivi, comme chaque année, d'une somptueuse réception, à l'hôtel située en face de la Place des Arts. Lorsque j'ai quitté les lieux, ce matin vers 1 h, on dansait encore, au son d'un orchestre joyeux et fort bruyant.

Le président du Concours a confirmé la rumeur: cette année, Analekta ne produira pas de disque avec le grand gagnant. Une autre source indique que la marque ATMA reprendra peut-être l'initiative.

Par ailleurs, Dominique Morel, responsable des concerts d'été de la Maison Trestler, a engagé Henry Kramer pour un récital le 27 juillet. Le jeune pianiste y reprendra Gaspard de la Nuit, de Ravel, présenté en demi-finale, et y ajoutera un Bach-Busoni et la Polonaise-Fantaisie op. 61 de Chopin.

La prochaine compétition, consacrée au chant, se déroulera du 28 mai au 8 juin 2012. Le directeur général du Concours, Jacques Marquis, indique que les deux premières épreuves n'auront pas lieu à la salle Pierre-Mercure mais ailleurs. Trois salles sont envisagées: Pollack, le Monument-National et la nouvelle salle Bourgie du Musée des beaux-arts. La finale se déroulera dans la nouvelle salle de la Place des Arts, avec l'Orchestre Symphonique de Montréal.