Pour Bryn Terfel, le Ring de Wagner est le plus formidable ensemble de spectacles qui puisse être, surtout lorsque le cycle complet des quatre opéras est présenté en rafale comme il le sera au Metropolitan Opera le printemps prochain. Entre-temps, son Wotan, le dieu déchu, refera surface dans Siegfried, le troisième volet de ce Ring signé Robert Lepage dont la première aura lieu jeudi.

À la première du deuxième opéra du cycle, Die Walküre, en avril dernier, la soprano Deborah Voigt, qui incarne la Walkyrie Brünnhilde, a trébuché en mettant le pied sur une planche de la machine conçue par Lepage et certains critiques ont aussitôt conclu que ladite machine nuisait au travail des chanteurs. Ils avaient tout faux, corrige Terfel: «Elle s'était fracturé un orteil chez elle trois jours avant la première, ça n'avait donc rien à voir avec les marches du décor. Il arrive qu'un décor soit un obstacle pour un chanteur. J'ai vu ça dans Les contes d'Hoffmann, dans Don Giovanni... Mais cette production va faire parler d'elle pendant les 20 prochaines années, elle va évoluer, elle va se développer. Quand Robert Lepage découvre quelque chose de nouveau, d'évocateur et de moderne pour créer des images, des sons ou des odeurs, sans parler de la 3D, qui sait jusqu'où il peut aller? Et ça va profiter aux productions futures, je pense. Quand on revoit aujourd'hui la mise en scène de (Patrice) Chéreau à Bayreuth (en 1976), elle fait un peu datée, mais malgré tout, un metteur en scène d'aujourd'hui adopterait pas mal la même approche avec ces personnages. Robert a l'avantage de ramener sa machine à la maison pour y retravailler ses images et ses formes. Quelle sera la prochaine étape? Peut-être qu'un jour, on jouera Das Rheingold le matin, Die Walküre le soir, Siegfried le lendemain et Götterdämmerung le surlendemain. Qui sait?»

Le nouveau Ring de Lepage a ses fans et ses détracteurs, tout de même moins nombreux et volubiles que ceux qui ont hué à pleins poumons Tosca au Met en septembre 2009. «C'était une production très controversée de Luc Bondy», rappelle Terfel qui a chanté dans la deuxième série de représentations de Tosca, beaucoup mieux accueillies. De toute façon, conclut-il, quels que soient le décor et la mise en scène, tout est dans la musique.