Outre la plage qu'elle veut créer près de la tour de l'Horloge, la Société du Vieux-Port de Montréal souhaite transformer le Hangar 16 en un prestigieux centre d'expositions. La présidente de l'organisme fédéral, Claude Benoit, a rencontré La Presse pour évoquer cet ambitieux projet.

Dans le projet d'investissement de 180 millions qu'elle mijote depuis des années pour revitaliser les berges de Montréal, la présidente de la Société du Vieux-Port de Montréal, Claude Benoit, prévoit consacrer huit millions à la plage qui a tant fait jaser ce printemps. Mais la rénovation du Hangar 16 coûtera plus cher, soit 50 millions, afin de transformer ce secteur en un nouveau Port des Arts.

Ce développement du Vieux-Port découle d'une demande du gouvernement fédéral faite en l'an 2000. Ottawa voulait se doter d'une vision à long terme pour que ce secteur devienne un pôle touristique et culturel.

On trouve déjà au Vieux-Port le Centre des sciences, qui connaît un grand succès populaire, et des activités circassiennes avec la présence régulière du Cirque du Soleil.

«La troupe de Guy Laliberté va revenir tous les deux ans présenter son nouveau spectacle - on a signé une entente en ce sens. Du coup, le quai Jacques-Cartier va devenir le quai des grands rassemblements, dit Mme Benoit à La Presse. À Montréal, il y a une forte demande de grands espaces pour organiser des activités extérieures ou intérieures. On reçoit par exemple beaucoup d'appels du monde de la mode.»

«Un lieu magique»

Le Hangar 16 rénové représentera 10 000m2 de superficie, dont 3700m2 pour des expositions, 3500 m2 pour de grands événements, 1800m2 pour des espaces communs et 500m2 pour des concessions commerciales. «Le Hangar 16 pourrait accueillir une grande foire d'antiquités, un marché des produits du terroir, un salon des vins ou un salon privé de BMW, par exemple, dit Claude Benoit. Avec une telle superficie, on peut en effet organiser plusieurs grands événements en même temps. Et remettre Montréal sur la carte des grandes expositions internationales comme à l'époque de Ramsès II présenté au pavillon de la France.»

Mme Benoit explique que le Hangar 16 sera un «lieu magique» pour présenter des expositions, mais aussi des événements de toute nature. «Il manque à Montréal une grande salle de 1000 places comme la gare Windsor qu'on utilise pour le Bal de la jonquille ou l'Apéritif à la française. Le Hangar 16 sera polyvalent. Des administrations muséales pourront le louer pour organiser des expositions majeures, notamment pour présenter leurs collections. Papier 11 ou la Biennale de Montréal pourraient aussi être chez nous.»

Claude Benoit veut que le Hangar 16 devienne un «signal architectural» afin de donner au quartier un air de modernité et de prestige. «On va faire un appel de propositions pour ça, dit-elle. On dit au gouvernement: «Construisez-le et le privé suivra.» Si on avait voulu donner ce secteur au privé, on l'aurait fait en 1982. Il y aurait des condos à la place, et la communauté ne veut pas ça.»

La présidente dit que les investissements fédéraux au Vieux-Port ont été bénéfiques depuis 30 ans. «Quelque 140 millions ont été investis de 1983 à 2000 et ont été largement remboursés par l'activité économique locale et le développement de ce secteur qui s'est métamorphosé. Dans le Vieux-Port, on trouve maintenant des galeries d'art, des boutiques de design et des restaurants gastronomiques.»

Mme Benoit espère qu'un philanthrope s'associera à ce projet. «Le bâtiment pourrait être signé, dit-elle. Mais le projet ne peut pas être totalement privé, car le rendement sur l'investissement n'est pas suffisant. C'est un site fédéral, mais les gens qui y viennent sont des Montréalais et des Québécois. Donnons-nous un équipement et un site qu'on gérera avec le même sérieux que pour le Centre des sciences, avec une mission éducative, commerciale et culturelle.»