Dans le coin gauche, l'ex-vedette de la WWF, Hulk Hogan, 62 ans. Dans le coin droit, le site américain d'informations Gawker. Au milieu, la diffusion d'un sex tape. Le 7 mars s'est ouvert un procès qui durera trois semaines et qui devra trancher en quelque sorte entre le droit à la vie privée et la liberté d'expression. Description du «match» en quelques mots.

Sex Tape

Plusieurs films érotiques «maison» ont contribué à la médiatisation (et la fortune) de vedettes une fois diffusés - pensons à Pamela Anderson ou Paris Hilton. Il en sera peut-être de même après ce procès pour Hulk Hogan, qui s'est retrouvé en mauvaise posture, disons, lorsque Gawker a mis en ligne un montage d'une expérience sexuelle qui aurait dû rester privée, selon lui. L'histoire derrière cela est assez curieuse: Hogan aurait accepté une relation sexuelle avec la femme de son collègue et meilleur ami Bubba «The Love Sponge» Clem (ça ne s'invente pas), à la demande de celui-ci, mais aurait été filmé à son insu, affirme-t-il, par une caméra de surveillance. Résultat: Hulk Hogan a déposé deux poursuites, l'une contre Bubba Clem, l'autre contre Gawker.

Vie privée

Qui a envoyé ce sex tape au site à potins Gawker? Officiellement, on ne le sait pas. Et Bubba Clem soutient que ce n'est pas lui. Mais en 2012, Gawker a mis en ligne un montage de cet enregistrement de 1 minute 40 secondes. Quand il a appris cette fuite, Hulk Hogan affirme avoir été humilié et avoir subi un violent choc nerveux, assez pour que ses mains tremblent de façon incontrôlable. Les avocats de Hogan estiment que Gawker a violé la vie privée du lutteur, lui causant un stress émotionnel. Selon CNN, Hogan a conclu une entente de 5000 $ avec Clem, qui avait affirmé au départ que son ami savait qu'il était filmé, avant de se rétracter et d'invoquer le cinquième amendement afin de ne pas témoigner au procès contre Gawker.

Premier amendement

Les avocats de Gawker, de leur côté, ont comparé les sommes des deux poursuites pour faire valoir leur point. Entre les 5000 $ réclamés à celui qui a filmé et 100 millions réclamés au site qui a diffusé un montage de quelques extraits, il y a une marge révélatrice, croient-ils. Ils affirment aussi que cette vidéo était d'intérêt public, entre autres parce que Hogan a quelques fois parlé publiquement de sa vie sexuelle. Dans son témoignage en cour, l'ex-éditeur et rédacteur de Gawker, A.J. Daulerio, a dit avoir exercé sa liberté d'expression protégée par le premier amendement lorsqu'il a diffusé ce montage vidéo, qu'il trouvait «étrange et amusant». Daulerio soutient qu'il voulait se concentrer sur la conversation entre Hogan et Clem. La vidéo ne contiendrait que 9 secondes de «vrai» sexe...

Dommages et intérêts

L'avocat de Hogan prétend que les dommages causés à son client par Gawker sont plus importants que ceux causés par Bubba Clem, puisque la vidéo a pu être vue par des millions d'internautes. La présidente de Gawker, Heather Dietrick, croit que la vedette a conclu une entente avec Clem afin d'aller «chercher dans des poches plus profondes une somme plus grande». Et que le site Gawker ne se remettrait pas d'une telle somme à payer. L'équivalent pour l'entreprise de l'Atomic Leg Drop, la prise de finition favorite de Hulk Hogan...