Mis en scène par Gilles Maheu, Zaia est présenté à Macao, en Chine, dans une salle de 1800 places construite pour le Cirque du Soleil dans le gigantesque hôtel Venetian. Zaia, qui signifie «vie» en grec, est le nom d'une fillette rêveuse et a comme trame de fond son rêve de devenir astronaute. La première mondiale du spectacle, à l'affiche depuis le 26 juillet, est prévue jeudi prochain.

«C'était bon. Restez où vous êtes, même s'il n'y a plus de musique.»

Assis au premier palier du théâtre conçu pour le Cirque du Soleil à Macao, le metteur en scène Gilles Maheu y va de ses dernières directives aux artistes sur scène. Le lendemain, ces clowns et acrobates devront impressionner les journalistes venus d'un peu partout sur le continent pour assister au dévoilement du premier spectacle permanent du Cirque en Asie, Zaia.

Nous sommes à la fin mai. L'équipe d'artistes répète dans la salle depuis à peine trois semaines. Comme il s'agit d'un spectacle qui repose beaucoup sur la technologie, le défi est grand de faire arrimer tout ça en si peu de temps.

Pendant la répétition, il est clair qu'il reste quelques grains de sable dans les nombreux engrenages. Mais le lendemain, plus de sable, tout coulera de source.

En entrevue, Gilles Maheu (Carbone 14, Notre-Dame de Paris, Don Juan) n'insiste pas trop sur les bébelles techniques. Ce qu'il veut faire dans les trois mois qui restent avant la grande première du 28 août, c'est travailler sur l'émotion.

«Les acrobates, ce ne sont pas du tout des acteurs ni même des danseurs. Donc, sur le plan théâtral, c'est pas évident», confie-t-il, attablé au Blue Frog Bar & Grill, à l'intérieur du gigantesque hôtel Venetian de Macao.

Sa méthode? «Il faut être patient», dit-il en premier lieu, avant d'ajouter qu'il essaie d'aller chercher ce que l'acrobate a à offrir plutôt que de lui imposer ses vues, d'où l'importance d'avoir fait le bon choix au casting.

Les deux derniers mois et demi avant le spectacle devaient donc servir à «mettre la technique derrière nous le plus tôt possible pour retravailler avec les artistes».

Un coup d'oeil au plafond de la salle de spectacle signée Guillaume Lord suffit à comprendre qu'outre le jeu des artistes, le spectacle repose sur les épaules de scénographe, ingénieurs et architectes : un immense rail en ellipse permet de transporter une sphère de 5000 livres, qui représentera tantôt la terre, tantôt la lune. «Malheureusement, ils n'en vendent pas chez Home Depot!» lance à la blague le directeur de création Neilson Vignola, pour illustrer le défi que l'équipe a dû surmonter.

De cette grosse boule, les spectateurs pourront voir une première au Cirque du Soleil : une projection à 360 degrés, gracieuseté d'un logiciel allemand. «Moi-même, ça me fascine», dit M. Vignola, qui a aussi travaillé au spectacle Ka, signé Robert Lepage à Las Vegas, celui où la scène devient un mur que les acrobates escaladent devant des spectateurs au souffle coupé.

«Ka était plus compliqué parce qu'on jouait avec une affaire avec laquelle on n'avait jamais joué, c'est-à-dire le vide.»

N'empêche que le spectacle de Macao compte plus de petits moteurs qui font tourner les artistes que le spectacle de Robert Lepage. «Pour programmer ça, ça prend des semaines.»

La Presse a pu regarder la première scène du spectacle : les spectateurs doivent s'attendre à ce que tout tourne et virevolte dans les airs. Au-dessus de leur tête, l'immense sphère à laquelle est accrochée la petite Zaia fait son entrée. Des hommes à vélo, la tête vers les bas, l'accompagnent pendant que, sur la scène, des danseurs se déhanchent sur des tours représentant des gratte-ciel. De la danse, promet le fondateur de Carbone 14, il y en aura beaucoup dans son spectacle.

Quand on mentionne à Gilles Maheu que ses gratte-ciel nous rappellent les colonnes de Notre-Dame-de-Paris, il se montre surpris. Pour lui, c'est davantage la présence de cette ellipse au plafond qui marque sa signature, le symbole qui le suit d'un spectacle à l'autre. «Le cercle, c'est le passé et l'avenir qui se regroupe. Ça ne veut pas dire qu'on tourne en rond, ça veut dire qu'on revient toujours sur ses traces.»

L'avenir. S'il n'en tient qu'au Cirque, celui de la troupe qui fait vibrer Las Vegas sera de plus en plus asiatique. Le grand patron, Daniel Lamarre, veut que son spectacle devienne un incontournable pour les touristes qui débarquent à Hong Kong, à une heure de traversier de là, temps d'attente à la douane non compris.

Et il parle du marché des congrès chinois, qui n'a pas encore trouvé de ville d'atterrissage précise. «À Las Vegas, il y a plus de la moitié des congrès américains qui se tiennent là.» Il espère que Macao saura se démarquer de la même façon.

Mais il y a un risque. «Il faut que les gens comprennent qu'on n'est pas un cirque traditionnel Il y a un risque de confusion entre nous et les cirques traditionnels.»

Des risques c'est le propre d'un cirque, non?

Zaia, pour la beauté du monde

Zaia, qui signifie «vie» en grec, est le nom d'une fillette rêveuse qui rêve d'explorer les galaxies. Dans ses visites, un saut sur terre où l'attendent danseurs et acrobates. «C'est le regard de l'enfance, parce que, pour moi, le cirque, c'est l'enfance», explique Gilles Maheu. Un regard, mais aussi un message. «Il faut préserver cette terre, ajoute-t-il. C'est la beauté du monde que je veux qu'on voit là-dedans.»