«New York, c'est une ville debout». L'acteur français Fabrice Luchini cite Louis-Ferdinand Céline pour décrire le «choc» de la découverte de la métropole américaine, où il se trouve pour la première fois de sa vie pour deux représentations de son spectacle Le point sur Robert.

Après une tournée au Québec, Fabrice Luchini, 58 ans en novembre, jouera mercredi et jeudi soir à guichets fermés dans la salle du Florence Gould Hall à Manhattan ce one man show où des textes de Roland Barthes, Paul Valéry ou Chrétien de Troyes alternent avec des passages où Luchini se raconte avec humour et autodérision - le «Robert» du titre est son prénom de baptême.

«Il y a environ 50 % d'écriture personnelle», souligne-t-il au cours d'une rencontre avec des journalistes au Fiaf - French Institute/Alliance Française -, qui présente cette première américaine.

L'acteur de théâtre et de cinéma n'est venu qu'une seule fois aux États-Unis, en 1992, avec le producteur Daniel Toscan du Plantier pour la promotion d'un film à Saratoga. «Mon passeport n'avait pas été tamponné à mon départ, alors hier le douanier pensait que j'avais vécu ici ces quinze dernières années», raconte-t-il.

Fabrice Luchini a tourné dans plus de 60 longs métrages, sous la direction de réalisateurs comme Philippe Labro, Éric Rohmer, Benoît Jacquot, Patrice Leconte ou Christian Vincent. Paris, le film de Cédric Klapisch (2008) où on le voit notamment danser, est actuellement à l'affiche à New York. «La danse est une passion, et je danse dans le spectacle», dit-il.

Il défend avec ardeur sa passion pour la littérature, même lorsque les textes sont difficiles. «La liberté de La Fontaine est extraordinaire, c'est un miracle pour moi. Et quand on me dit: «Paul Valéry, on n'a pas tout compris», je réponds «moi aussi je ne comprends pas tout». Au Québec on rit mais à Paris ça ne passe pas», plaisante-t-il.

«C'est quand même extraordinaire de déclamer Chrétien de Troyes et Roland Barthes devant 2000 personnes qui vous applaudissent», s'étonne-t-il, répétant à plusieurs reprises que «la France est un pays fermé par rapport à l'Amérique où on sent que tout est possible».

Il reconnaît toutefois l'immense succès qu'a eu Le point sur Robert en France, où «500 000 personnes l'ont vu. On peut appeler cela un spectacle populaire, même si Johnny Hallyday rassemblerait cette audience en un seul soir... C'est un spectacle qui n'est pas classable et qui rencontre le public», estime-t-il.

Il n'avait jamais vu New York parce qu'il avoue ne pas aimer l'avion et ne pas être un voyageur. «Je ne connais pas du tout les pays», dit-il.

Venu sur l'insistance de sa fille Emma, qui tourne un documentaire sur sa tournée, il se dit «sur les traces de Céline», et trouve les mots de l'auteur du Voyage au bout de la nuit pour décrire son choc.

«Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout (...) On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur», déclame-t-il, récitant «l'arrivée à New York», un chapitre du Voyage.