Point d'ancrage du théâtre de création et de l'émergence de nouvelles voix, La Licorne se prépare à une année d'itinérance en organisant une fête qui s'étendra sur 10 soirs. L'occasion de rassembler sa famille élargie et son public, de s'amuser... et d'amasser des sous pour assurer l'avenir.

Lorsque Jean-Denis Leduc a passé la main à Denis Bernard, qui assure la direction artistique de La Licorne pour une durée indéterminée, il lui a laissé un trou dans la programmation. Un gros mois à remplir. «Un cadeau de Grec», s'amuse à dire le nouveau patron de la place, qui a vite retroussé ses manches pour combler ce vide.

Denis Bernard a fait deux gestes: il a d'abord invité Fabien Cloutier à présenter son excellent solo Scotstown (à l'affiche jusqu'au 7 novembre), puis imaginé un gros party qu'il a baptisé La dizaine des auteurs. Du 9 au 18 novembre, des auteurs proches du dynamique théâtre de l'avenue Papineau ont été invités à concocter un spectacle inédit. «Ça donne des soirées qui sont étonnantes dans le contenu», se réjouit-il.

Yvan Bienvenue, monsieur Contes urbains, déjoue les attentes en invitant Paul Savoie à lire l'Ode au Saint-Laurent de Gatien Lapointe. Jean-Marc Dalpé a invité un ami guitariste. La bande du théâtre Qui va là interprétera notamment des chansons grivoises. Denis Bernard voulait un happening et tout indique qu'il l'aura. «Le risque, c'est aussi l'esprit de La Licorne», observe-t-il.

L'énergie déployée par les 14 auteurs et leurs très nombreux invités servira à témoigner de la vitalité de ce petit théâtre, mais aussi à en assurer l'avenir. La dizaine des auteurs, à laquelle participent également François Archambault, Pierre-Michel Tremblay et Marie-Christine Lê-Huu, vise à amasser des fonds pour La Licorne.

Plutôt qu'un cocktail à 275$ la place, les billets pour ces spectacles seront vendus 50$. Denis Bernard entend ainsi «démocratiser la collecte de fonds» en permettant à «plus de portefeuilles de venir». Il estime qu'on a tous une «responsabilité civile» envers les formes d'art qu'on apprécie. Un devoir de «soutien» et de «mécénat». «Et je le sollicite, ce devoir-là», dit-il.