Un aéroport fermé. Des passagers anxieux. Il est question de bagages abandonnés sur le tarmac et peut-être d'un engin explosif. Terrorisme part de la grande peur que suscitent les attentats à la bombe pour parler d'une violence bien plus quotidienne. Une oeuvre dérangeante à laquelle participe Monique Miller, sous la direction du metteur en scène belge Olivier Coyette.

Un peu moins de 10 ans après les attentats de New York, après ceux de Madrid et de Londres et alors que des explosions meurtrières surviennent presque chaque jour en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan, une bonne partie de la population de la planète a appris à vivre avec la possibilité qu'une bombe explose un jour sur son chemin. Les frères Vladimir et Oleg Presnyakov, qui ont écrit Terrorisme avant septembre 2001, avaient vu juste.

 

Ce n'est toutefois que le point de départ de leur pièce qui, après avoir été créée au Théâtre d'Art de Moscou en 2002, a été reprise dans plusieurs pays du monde, dont l'Allemagne, la Suède, la Pologne, Taiwan, le Brésil et l'Australie. Dès le deuxième tableau, il est question d'une forme de terrorisme bien plus banale. Et ça commence avec les dangereux jeux amoureux de deux amants clandestins.

«Le terrorisme, ce n'est pas juste un gars qui met une ceinture d'explosifs et qui va au marché, fait valoir le comédien Fabien Cloutier. Le terrorisme, c'est aussi l'idée de la terreur qu'on a en nous. C'est user de la terreur. Et ça peut se faire au travail, comme en amour.»

«On est tantôt coupable, tantôt victime et quand on n'est ni l'un ni l'autre, on est témoin, complice ou impuissant, indique pour sa part le metteur en scène belge Olivier Coyette. Les frères Presnyakov ne montrent pas du doigt des coupables ou des victimes, ils disent que tout le monde est potentiellement coupable ou victime.»

Gogol, Sarah Kane...

Monique Miller, qui y joue une vieille dame raciste voulant inciter une amie à empoisonner son gendre, trouve qu'il y a du Gogol dans l'écriture des deux frères russes. Elle pense à un tableau où il est question de harcèlement d'un patron à l'endroit de ses employés. Tout en admettant le côté «farce noire» à la Gogol, Olivier Coyette lui trouve surtout des points communs avec l'univers de Sarah Kane.

«La référence est là: un monde où la violence est potentiellement partout. Même dans les cadres les plus cossus, les plus lisses ou les plus civilisés, illustre-t-il. Derrière ça, il y a des éléments telluriques à l'oeuvre qui peuvent se mettre à trembler et à tout emporter.»

L'idée de monter Terrorisme vient de Sylvain Bélanger, directeur artistique du Théâtre du Grand Jour. Par l'intermédiaire d'Olivier Coyette, le projet s'est transformé en une coproduction avec le Théâtre de Poche de Bruxelles, «qui s'occupe aussi des questions contemporaines brûlantes», précise le metteur en scène.

Après des répétitions en Belgique avant l'été, la production - à laquelle participent également les Québécois Jacques Laroche, Sharon Ibgui et Mani Soleymanlou - s'est déplacée à Montréal. La pièce sera créée aux Écuries la semaine prochaine et tiendra l'affiche pendant quatre ou cinq semaines à Bruxelles à compter du mois de janvier.