Gad Elmaleh, le plus populaire des humoristes français, reviendra chez nous en mai pour présenter son spectacle au Centre Bell. Discussion sur l'angélisme, l'influence du Québec, Tintin et le régime de Vichy au cinéma.

Gad Elmaleh nous parle de sa loge de Montpellier, quelques minutes avant de donner une autre représentation de Papa est en haut. Il présente ce quatrième spectacle depuis la première donnée à Montréal en juillet 2007.

 

Autre spectacle, autre immense succès. Il en offrira une des dernières représentations le 28 mai 2010 au Théâtre du Centre Bell. «Ce ne sera pas exactement le même spectacle, corrige-t-il. La moitié sera composée de matériel inédit du prochain spectacle. De quoi ça parlera? Je ne sais pas pour vous, mais en France, la cause environnementale devient un peu folle. Les chanteuses pleurent les ours polaires, des comédiens montent aux barricades pour des îles qui s'affaissent, etc. Ça donne une surenchère absurde de discours flous. Bien sûr, l'environnement est important. Mais je n'aime pas l'angélisme, ni la démagogie.»

L'humoriste de 38 ans se dit rendu à un âge où il ne craint plus de critiquer. Ni d'être critiqué. Il veut donc s'attaquer au «politiquement correct» (NDLR: il ne s'inspire pas des chroniques du même nom de Gérard Deltell à TQS).

Le juif marocain originaire de Casablanca prévoit aussi parler de sa fin d'adolescence à Montréal. De 16 à 20 ans, il a étudié au cégep Saint-Laurent puis à l'Université de Montréal en sciences politiques, avant de partir s'installer en France. «C'est chez vous que j'ai assisté à mes premiers spectacles d'humour, se souvient-il. C'était aux Lundis Juste pour rire, avec de futures vedettes comme Martin Petit, Patrick Huard et François Morency.»

Le style stand-up nord-américain a indéniablement façonné son art. Il conserve aussi quelque chose de plus profond de son séjour. «C'était un sacré décalage, lance-t-il. Ça m'a appris quelque chose sur l'identité. Quand j'étais au Québec, je passais pour un Marocain et on me recevait bien. Puis en débarquant en France, pour bien me faire recevoir, je me faisais parfois passer pour un Canadien.»

Il se met alors à imiter notre accent. C'est probablement le seul humoriste français à bien le faire. On le lui fait remarquer.

«Je parlais tantôt à un de vos auteurs, Ken Scott, et il me disait la même chose, raconte-t-il. C'est parce que je n'imite pas seulement des sons. J'essaie de reproduire la mentalité, la psychologie qui vient avec. Un accent, c'est indissociable d'une façon de penser.»

De Tintin à La rafle

Elmaleh a récemment terminé le tournage du prochain film de Steven Spielberg sur Tintin. Produit par Peter Jackson, le premier de la trilogie s'intitule Tintin et le secret de la Licorne. Il a été tourné en anglais et en motion capture (capteurs placés sur le corps comme pour certains jeux vidéo), et devrait prendre l'affiche en 2011.

Jamie Bell (Billy Elliot) incarne Tintin. Elmaleh campe quant à lui un méchant nommé Omar. «J'habite le palais qui abrite la Licorne que Tintin et Haddock veulent récupérer. Je suis un faux méchant, un méchant à la Molière ou à la commedia dell'arte

Difficile de tourner en anglais? «Non, répond-il, parce que j'invente un gros accent, du style maroco-franco-j'sais pas trop», s'esclaffe-t-il.

D'ici là, on le verra au grand écran dans un autre film, La rafle, aux côtés de Mélanie Laurent, Jean Reno et Sylvie Testud. «Ça, c'est un contre-emploi, lance-t-il. Le film se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, sous le régime de Vichy du maréchal Pétain qui rendait les Juifs aux Allemands. Je joue un père de famille qui protège sa famille menacée de déportation. La réalisatrice se nomme Roselyne Bosch. (Silence) Oui, Roselyne BOSCH. Quand même...»

Gad Elmaleh sera au Théâtre du Centre Bell, le vendredi 28 mai 2010.