Le spectacle le plus connu et le plus populaire du Cirque du Soleil occupera le Centre Bell du 18 au 30 décembre. Oeuvre emblématique s'il en est, Alegría ne devrait souffrir d'aucun compromis artistique en abandonnant le chapiteau pour l'aréna, selon son directeur artistique.

Alegría revient à Montréal après 15 ans à parcourir la terre entière. Plus de 10 millions de spectateurs auront vu la version sous chapiteau dans plus de 65 villes. La version pour amphithéâtre, maintenant, se doit d'être à la hauteur.«Nous avons fait chaque geste avec l'objectif d'améliorer le spectacle. Il n'a jamais été question de faire des compromis. Si nous n'avions pu le faire techniquement, nous aurions laissé tomber. Ce spectacle est trop important pour le Cirque du Soleil. Il ne peut être dilué en aucun cas», explique le directeur artistique Michael Smith.

Au départ, le premier élément à considérer était le montage et le démontage du spectacle. Sous chapiteau, la troupe dispose de neuf jours pour monter la structure. Dans l'aréna, le travail doit s'effectuer en neuf... heures!

«Les numéros ont été reconfigurés pour assurer la sécurité des artistes, précise-t-il. Mais encore là, il n'était pas question de compromettre la qualité.»

Le spectacle que nous verrons à Montréal est en rodage depuis six mois en Amérique. Il est fin prêt pour le public montréalais.

«Nous sommes évidemment très nerveux, avoue Michael Smith. Les artistes sentent la pression. Alegría revient à la maison, c'est spécial. Il y a une responsabilité et une fierté. Il y a des spectacles de tournée, puis il y a Alegría

Défi important

Le directeur artistique reconnaît qu'adapter un spectacle aimé et admiré représente un défi important. Mais lui qui a commencé sa carrière dans les comédies musicales à Londres, dans les années 70, en a vu d'autres.

Après la fin de la tournée d'Alegría sous chapiteau, en avril dernier, les artisans ont pris un mois de vacances. Puis, pour rencontrer les 55 artistes de la troupe, Michael Smith a rappelé tous les créateurs originaux, sauf Franco Dragone.

«Je le remplace, en quelque sorte, mais mon ego est beaucoup plus petit. Et c'est plus facile de s'entendre avec moi, lance-t-il en s'esclaffant. Je crois qu'il est un génie, mais c'est très difficile de travailler avec lui.»

Côtoyer les créateurs du spectacle, par contre, s'est révélé une aventure «fantastique», poursuit-il. «C'était super pour les artistes parce que 25 d'entre eux, sur 55, sont de nouveaux venus dans la troupe.»

Page d'histoire

Lors de ces échanges avec les artisans d'origine, c'est toute une page d'histoire du Cirque du Soleil qui s'est ouverte pour l'équipe de production de la version en salle.

«Leur amour et leur passion du spectacle sont intacts, souligne le directeur artistique. Nous avons pu poser toutes les questions sur tous les aspects du spectacle. Les nouveaux artistes ont pu ainsi se réapproprier l'oeuvre en puisant à la source de la création.»

Michael Smith ne croit pas que le spectacle ait vieilli, notamment en raison de la qualité de la musique. Il explique que la scène a été modifiée puisque, sous chapiteau, il n'y avait pas de spectateurs tout autour de la scène, comme en aréna. La chorégraphie et l'éclairage devaient également changer pour conserver l'impact sur les spectateurs.

«Alegría invite le spectateur dans l'univers du spectacle, dit-il. Nous devions respecter cela. Ça ne peut pas être une expérience passive pour le spectateur, sinon nous n'atteignons pas notre but.»

Le directeur artistique ne croit donc pas que les gens qui ont aimé Alegría sous chapiteau risquent de moins apprécier la nouvelle version. Au contraire, soutient-il.

«Le spectacle semble à plus grand déploiement en aréna grâce aux éclairages et à l'utilisation des plateaux. Par exemple, note-t-il, un espace qui, sous chapiteau, ne servait qu'aux déplacements sert maintenant à des performances.»

Et la fraîcheur est là, souligne-t-il, notamment en raison des nouveaux artistes.

«Les nouveaux artistes insufflent leur apport particulier au spectacle. Chaque nouvel artiste donne quelque chose de nouveau. C'est le même Alegría avec une nouvelle énergie», conclut Michael Smith.