Laissez à la porte de la PDA votre sale humeur et à la maison les allergiques aux comédies musicales. Cédez à la tentation de fredonner S.O.S, Chiquitita et Knowing me, Knowing you. Et pendant que vous y êtes, imaginez que c'est vous, en pantalon pattes d'éléphant en satin, qui, à l'image de l'héroïne de Muriel's Wedding, rend une version endiablée de Dancing Queen.

Autrement dit, lâchez-vous lousse.

De la grosse gomme balloune bien sucrée. Du fun noir. D'intenses épisodes de fous rires et des airs entraînants (même si entendus un million de fois): voilà ce que vous réserve Mamma Mia!, irrésistible comédie musicale de Benny Andersson et Björn Ulvaeus, de retour à la Place des Arts jusqu'au 10 janvier.

Admettant que vous ayez conservé un coeur d'enfant de 12 ans et un faible pour l'humour «camp» et un peu kitsch, il n'y a aucune raison de ne pas adorer cette production aussi réussie que l'adaptation cinématographique (avec Meryl Streep) parue en 2008. Et je pèse mes mots.

L'histoire - un no brainer, comme disent les Anglais - tourne autour de Sophie (énergique Liana Hunt) et sa mère célibataire Donna (puissante Michelle Dawson), qui vivent dans un hôtel de charme dans une île grecque. À trois mois de son mariage, Sophie poste des invitations à trois anciens amants de sa génitrice, qui pourraient être son père. À la veille des noces, deux démentes copines (hilarantes Kittra Wynn Coomer et Rachel Tyler) débarquent pour semer la pagaille et le fun dans la baraque.

Bien sûr, cette histoire de mariage en blanc et de retrouvailles n'est que prétexte à enfiler les pitreries et les hymnes endiablés des étoiles suédoises du disco.

Dans l'île grecque de Mamma Mia!, ce sont les femmes d'âge mûr qui décrochent le gros lot au chapitre du plaisir, de la désinvolture et de l'amour éphémère ou éternel. Les numéros les plus délirants du spectacle restent ceux où les trois gonzesses s'éclatent sur Chiquitita, se déhanchent sur Gimme! Gimme! Gimme! ou se transforment en prédatrices sexuelles sur Take a chance on Me.

Rien n'est à prendre au sérieux, dans ce gros trip où le bouquet de la mariée connaît un destin inattendu. Les artistes sur scène n'ont pas des corps parfaits, et après? L'un est gai, l'autre a raté son mariage, la troisième est une cougar qui se tape un des garçons d'honneur et sa comparse a un problème de poids dont elle se fout éperdument.

Après l'efficace musique d'Abba, c'est l'irrévérence du ton et son happy ending anticonformiste qui nous donnent envie de retourner tous les soirs à la PDA, pour réclamer notre dose d'hilarante légèreté.

Merci pour la musique, Abba. Et à vous, rabat-joie, qui levez le nez sur les comédies musicales (oui, oui, vous saurez vous reconnaître), vous ignorez tout le bonheur facile qui vous glisse entre les doigts. Tant pis pour vous. The winner takes it all. I do, I do, I do, I do, I do...

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Mamma Mia!, de Benny Andersson et Björn Ulvaeus, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, jusqu'au 10 janvier.