Deux tragédies-fleuves figurent parmi les cinq spectacles dévoilés hier par le festival TransAmériques pour donner un avant-goût de sa présentation 2010. L'une, Le sang des promesses, de Wajdi Mouawad, d'une durée de 11 h, a fait couler beaucoup d'encre depuis sa présentation à Avignon, l'été dernier. L'autre, Tragédies romaines, qui dure plus de cinq heures, est une adaptation-collage de Shakespeare dirigée par le metteur en scène hollandais Ivo Van Hove.

Marie-Hélène Falcon, directrice générale et artistique du FTA, était tout particulièrement fière d'annoncer le retour de Wajdi Mouawad, un «enfant du FTA», pour «boucler la boucle» d'une aventure amorcée il y a plus de 10 ans. Littoral et Incendies, les deux premiers volets de la trilogie complétée par Forêts, ont en effet été présentés dans le cadre du festival.«Il était à mon sens tout à fait naturel de voir revenir à Montréal trois pièces majeures de Wajdi Mouawad, réaménagées dans une traversée d'un siècle d'histoire», a-t-elle souligné. Cette grande quête, présentée une seule fois, le 6 juin au Théâtre Maisonneuve, sera suivie de Ciels, qui prendra l'affiche dès le lendemain pour cinq représentations (du 7 au 11 juin, donc).

Moitié moins long, mais tout aussi ambitieux, le spectacle Tragédies romaines devrait aussi faire une forte impression. Son maître d'oeuvre, Ivo Van Hove, est un metteur en scène peu connu ici, qui a fait sa marque en Europe. Pour parler du pouvoir et de ses mécanismes, il a construit un spectacle en rassemblant Coriolan, Jules César et Antoine et Cléopâtre, trois tragédies de Shakespeare qui traitent des guerres de Rome.

«Tout était en germe dans Shakespeare et ce que Van Hove fait, c'est qu'il le recrée pour notre époque. C'est un artiste d'aujourd'hui, un spectacle fait avec des moyens d'aujourd'hui et qui parle de la situation de la politique aujourd'hui», insiste Marie-Hélène Falcon. Van Hove transporte les tragédies de Shakespeare dans une salle de congrès avec écrans, plateaux de télévision et bars.

Libres de leurs mouvements pendant l'essentiel de la représentation, les spectateurs peuvent faire comme s'ils se trouvaient dans un vrai congrès: s'asseoir sur des canapés près des comédiens, s'installer au bar pour suivre le spectacle sur un écran, prendre leurs courriels sur un poste internet, etc. Marie-Hélène Falcon, qui dit travailler depuis deux ans à la venue de ce spectacle à Montréal, estime que Tragédies romaines, présenté du 28 au 30 mai, est le genre d'événement qui fait date. L'extrait en ligne sur le site du FTA confirme la singularité de la proposition.

Et en danse

Les amateurs de danse ne sont pas en reste puisque le FTA accueille, sans doute en exclusivité canadienne, l'ultime création de l'influent chorégraphe américain Merce Cunningham, décédé l'été dernier: Nearly 90². «Je pense qu'une ville de danse comme Montréal se devait d'accueillir cette ultime pièce d'un créateur qui a marqué le siècle», affirme Marie-Hélène Falcon, soulignant le raffinement, la rigueur et la pureté de cette oeuvre dont certains parlent comme de la synthèse d'un artiste qui se savait en train de signer son testament. Nearly 90² sera présentée les 27 et 28 mai au Théâtre Maisonneuve.

Presque au même moment, du 28 au 30 mai, l'Usine C accueillera la toute nouvelle création de Ginette Laurin. Dans Onde de choc, la chorégraphe «travaille sur l'intérieur des corps, les battements du coeur, le sang qui cogne, les bruits du corps», résume la directrice artistique du FTA. La musique sera signée par le Britannique Michael Nyman et le traitement sonore par Martin Messier.

Les billets pour le FTA 2010 seront mis en vente le 29 mars, au moment où la vingtaine d'autres spectacles composant sa programmation seront dévoilés.