En sortant de l'École nationale de théâtre, David Paquet voulait écrire pour la télé. L'intérêt suscité par sa pièce Porc-épic ne lui a toutefois pas permis de s'éloigner des planches. Sa comédie noire, déjà présentée au Mexique et en Europe, est enfin jouée au Québec sous la direction de Patrice Dubois.

Porc-épic sera la deuxième pièce de David Paquet à prendre l'affiche cet hiver à Montréal. L'autre, 2h14 AM/FM, a été jouée en janvier à la Maison Théâtre. Avec deux pièces produites en deux mois et déjà plusieurs mises en lecture ou productions à l'étranger, on peut dire que le jeune dramaturge est sur une bonne lancée.

 

Le désir d'écrire pour la scène anime David Paquet depuis longtemps. «Offrir une oeuvre qui se déroule devant public, c'est quelque chose qui m'a toujours fasciné», dit le jeune auteur de 31 ans. Se limiter au théâtre ne lui a toutefois jamais traversé l'esprit. «Ce sont les histoires qui m'intéressent, assure-t-il, qu'importe le médium.»

Son parcours témoigne éloquemment de son envie de toucher à tout. Avant d'entrer à l'École nationale de théâtre, il avait déjà suivi plusieurs ateliers d'écriture: scénarisation, prose et poésie. Il pratique encore l'écriture poétique en participant à des soirées de slam tenues au bar O Patro Vys, avenue du Mont-Royal. Son atout secret, c'est toutefois une année passée à étudier en... sexologie.

«Les sciences humaines, c'est indispensable, juge-t-il. J'aime réfléchir sur l'humain et la sexologie avait le mérite de traiter de l'humain de façon très multidisciplinaire: biologie, psychologie, sociologie, sexologie. Et puis, j'ai toujours lu plus d'essais que de littérature», révèle-t-il, en citant notamment Freud et Jung.

David Paquet estime que le bagage acquis au cours de ces courtes études l'aide énormément à façonner l'identité de ses personnages. «Ce sont les gens qui intéressent les gens. Ce n'est pas moi qui le dit, j'ai lu ça quelque part et je trouve que c'est très vrai, précise-t-il. Parler aux humains en inventant des humains, il y a une liberté là-dedans qui m'interpelle.»

Détours ludiques

Sa pièce Porc-épic, David Paquet affirme l'avoir écrite «en réaction» à toutes ses précédentes, qu'il trouvait trop «didactiques». Après avoir longuement tergiversé, il a fini par s'octroyer le droit d'avancer de manière intuitive, en se laissant guider par des images et des phrases qui l'habitent depuis longtemps: une femme enceinte qui fume, des gens qui se font bronzer, un coup de bâton au ventre et «bonne fête qui, bonne fête moi!»

Porc-épic se déroule le jour de l'anniversaire de Cassandre, qui cherche désespérément quelqu'un avec qui fêter, et suit les destins de plusieurs autres personnages: le couple formé de Théodore et Noémie, Sylvain le proprio de dépanneur en manque de sexe et Suzanne, une femme enceinte caractérielle... qui fume comme une cheminée! «Ça parle de plusieurs solitudes et du risque de la vulnérabilité», résume l'auteur.

«On ne peut pas s'ouvrir aux autres sans se mettre à risque. Pour se protéger, on peut se refermer, mais ce faisant, on ne rencontre personne», poursuit-il. Sa pièce illustre ce mouvement hésitant dans lequel les humains tendent à se rapprocher, à s'aimer, à se blesser, à se replier... et à recommencer.

«Ce n'est pas une pièce nihiliste», précise David Paquet, ajoutant qu'il était très important pour lui de sentir qu'il n'offrait pas une oeuvre sans espoir. Porc-épic est effectivement traversée d'une touche d'humour savoureux, bien que noir, et témoigne d'un penchant pour le surréalisme, un outil poétique très précieux aux yeux de l'auteur.

«Le seul moment dans ma vie où j'ai toutes les permissions, c'est en écrivant, alors je vais en profiter», dit-il. Les images surréalistes permettent selon lui de surprendre les gens, de stimuler l'imaginaire, mais aussi de quitter le réel pour mieux y revenir. «Je pense que c'est un détour ludique qui mène droit au but.»

Porc-épic, de David Paquet, du 16 février au 13 mars à Espace Go.