Mille chanceux assisteront, en mai à la Galerie de l'UQAM, à un spectacle contemporain unique, Conte crépusculaire, concocté par l'auteur-compositeur-interprète Pierre Lapointe et par l'artiste plasticien David Altmejd.

Chanceux car Conte crépusculaire sera une performance qu'ils ne produiront que quatre soirs à l'UQAM, du 4 au 7 mai, devant 250 personnes par soir. Autant dire que les billets, déjà en vente sur le réseau Admission, ne seront pas mal-aimés longtemps...

Conte crépusculaire promet d'être une expérience fascinante. Ce mercredi, en conférence de presse, Pierre Lapointe et David Altmejd, deux géants de la création québécoise actuelle, n'ont pas voulu en dire trop car la rencontre entre le Prix Sobey 2009 reconnu par les milieux de l'art visuel du monde entier et le père de Mutantès laissera beaucoup de place à l'imagination. Tout ce qu'on sait, c'est que le conte a pour base de création l'histoire d'un roi qui va mourir.

S'exprimant dans un même langage fantastique et romantique, Pierre Lapointe et David Altmejd se sont croisés en 2006 et ont vite compris qu'ils avaient envie de créer ensemble. «J'ai eu un coup de coeur quand j'ai découvert son travail à la galerie de l'UQAM», a dit Lapointe, âgé de 29 ans, qui a étudié les arts plastiques au collège de Saint-Hyacinthe et qui a été inspiré par David Altmejd quand il a créé Mutantès.

«La première fois que j'ai entendu sa voix, ça m'a paru étrange, dit de son côté David Altmejd. On a tous les deux un goût extrême pour ce qui est beau, étrange, organique et intense. J'aime chez Pierre cette volonté de faire des expériences, d'être complètement ouvert. Et pas de le dire. De l'être. Et j'aime qu'il soit touché par ce que je fais.»

Avec un côté «provocateur et arrogant», Conte crépusculaire sera étranger au monde de la chanson, à celui du théâtre et des arts visuels. «Il s'agira d'une performance artistique très vivante, changeant chaque soir d'où l'intérêt de la présenter dans une galerie d'art afin d'éviter que les gens s'attendent à retrouver les codes qu'on trouve sur une scène.»

Âgé de 36 ans, David Altmejd a impressionné les amateurs d'art de plusieurs continents avec ses sculptures de géants. S'en inspirera-t-il? «Les matières que je vais choisir seront en symbiose avec le son créé, dit-il. Les géants ne sont pas dans le projet mais on ne sait jamais...»

Lapointe et Altmejd s'entourent de grosses pointures pour Conte crépusculaire. Le guitariste Philippe Brault sera du projet, de même que le photographe Pascal Grandmaison qui tournera des images de l'expérience pour en laisser une trace. Il y aura aussi l'éclairagiste renommé Martin Labrecque, la chanteuse contemporaine Émilie Laforest, le compositeur de musique contemporaine Yannick Plamondon et le Quatuor Molinari.  

«Il y aura aussi un jeune de 11 à 13 ans que l'on n'a pas encore trouvé et qui jouera le rôle d'un jeune prince, dit Pierre Lapointe. Avec ce projet, on ne fera pas d'argent mais en achetant des billets, les gens vont subventionner ces créateurs qui ont voulu se rencontrer pour créer librement, dégagés de toute pression et de tout contexte monétaire.»

Louise Déry, âme éthérée de la Galerie de l'UQAM, a accueilli avec bonheur ce projet, elle qui fut la commissaire à deux reprises d'expositions de David Altmejd, à l'UQAM en 2006 et à la Biennale de Venise en 2007.

«Ce qui sortira de Conte crépusculaire deviendra quelque chose comme une exposition sur cette démarche de création et restera dans la galerie de trois à quatre semaines», précise Mme Déry.