Le Cirque Eloize connaît à nouveau un gros succès public à Paris avec iD, sa septième création. Mais la critique, rompant avec son enthousiasme coutumier, a sévèrement jugé ce spectacle urbain et hip hop.

Le Cirque Eloize, dont le retour était annoncé comme un des grands événements de la période des Fêtes, s'est installé la veille de Noël au prestigieux Théâtre national de Chaillot (1250 places), au Trocadéro, en face de la Tour Eiffel. Il y est jusqu'au 20 janvier.

Imaginé par le fondateur du cirque, Jeannot Painchaud, qui revient à la mise en scène, iD fait salle comble. On vient d'ailleurs d'apprendre qu'il sera présenté pendant deux semaines supplémentaires en mars dans la splendide salle du Grand Rex (2700 places) sur les grands boulevards.

En revanche, la critique n'est pas au rendez-vous, elle qui avait porté aux nues Nomade et Rain, deux spectacles imaginés par le Suisse Daniele Finzi Pasca.

Ce qui a le plus déplu dans iD, c'est la référence à l'affrontement entre bandes rivales inspiré du film West Side Story. Le Monde l'a trouvée «superflue», le magazine Télérama «fadasse».

Avec ses «batailles» hip hop endimanchées» livrées dans une «ville de carton-pâte», le Cirque Eloize «semble avoir perdu toute sa magie», a déploré le magazine culturel.

Pour Le Monde, le Cirque Eloize, avec son nouveau parti pris urbain, «se prend les rollers dans le bitume». «La virtuosité du Cirque Eloize n'a besoin d'aucune pseudo-guérilla urbaine pour imposer son talent», a tranché le quotidien de référence.

Le magazine L'Express n'a pas été tendre non plus envers un spectacle qui, selon lui, manque «cruellement d'originalité et d'exigence». «'ID» ne trouve jamais le bon rythme et le mariage s'englue à force de chorégraphies hip-hop simplistes d'où le cirque est cruellement absent», a écrit l'hebdomadaire.

Le tableau n'est pas totalement noir, toutefois. L'ensemble de la critique a salué le travail des 16 interprètes, notamment «l'époustouflante» contorsionniste Emi Vauthey ou Thibault Philippe, «particulièrement épatant» sur son vélo VTT. Le numéro final de «trampomur» (un trampoline qui permet aux acrobates de «marcher» sur un mur) a fait l'unanimité.

Une partie de la critique, du reste, n'a pas boudé son plaisir, comme le journal gratuit 20 minutes ou le quotidien Les Échos, selon lequel le Cirque Eloize a tout à fait réussi «son mariage entre acrobaties et danses urbaines».

Conquis, le site Slate.fr a parlé pour sa part d'«un condensé de lumière, de rythmes, de bruits, de rencontres et de solitudes pendant 1h50 qui filent à la vitesse de l'éclair».

Justement, a renchéri Le Figaro, qui a aimé iD, «le spectacle déménage et va à 300 à l'heure. Selon l'humeur, on trouvera ça énergisant ou fatigant».