«Pousse tes cheveux Frédéric! Mets-les sur le côté! Pousse-les derrière tes oreilles car ça ne fait pas époque du tout!», lance à un jeune comédien Denise Filiatrault depuis le milieu de la salle Pierre-Mercure où elle est assise pendant la séance-photos des médias.
La troupe de la comédie musicale La mélodie du bonheur, mise en scène par Mme Filiatrault, répétait une dernière fois, ce vendredi à Montréal, avant de partir en tournée au Québec.
Les médias étaient invités à rencontrer les comédiens et chanteurs du spectacle ainsi qu'à constater les changements apportés aux décors.
«Déménager une comédie musicale et partir en tournée avec, ce n'est pas facile, dit Luce Rozon, directrice artistique de la production. Il a fallu tout refaire, l'éclairage, la scénographie, la mise en scène, etc.»
«Il faut adapter le décor de Jean Barre à l'espace plus petit des salles où on va aller, ajoute Denise Filiatrault. Ce décor que vous voyez là, ça rentre à Trois-Rivières. Mais quand on va aller à Drummonville, faudra l'allonger de chaque côté. Ce n'est pas évident.»
Aux côtés de la mezzo-soprano Catherine B. Lavoie, qui interprète le rôle principal de Maria, s'est adjoint Yves Soutière, qui remplace Robert Marien dans les habits du Capitaine von Trapp, 20 ans après avoir joué le jeune Nelligan dans l'opéra de Michel Tremblay, une étape marquante dans sa carrière.
C'est la première fois qu'Yves Soutière chante ce livret de La mélodie du bonheur. «Ce n'est pas très loin de ce qu'on faisait dans Nelligan, dit-il. C'est assez lyrique comme construction mélodique. Il y a beaucoup d'ornements dans la musique. Par moments, c'est assez costaud à chanter. Mais je suis tellement bien entouré avec Catherine B. Lavoie qui porte le show sur ses épaules avec une grande qualité d'actrice et une grande qualité vocale.»
Yves Soutière a regardé comment Robert Marien a joué le rôle mais il ajoute que son interprétation se rapproche plus de celle, célébre, de Christopher Plummer.
«Il m'avait marqué lorsque j'étais enfant, dit-il. Il avait une approche très raffinée mais aussi un humour très anglais. Je m'en suis inspiré. Et au niveau de la voix, je me laisse porter.»
Il s'agissait ce vendredi de la dernière répétition du spectacle. «Ils savent là, dit Denise Filiatrault, en riant. Ils sont écoeurés! C'est assez!»
La tournée de La mélodie du bonheur débutera à Trois-Rivières (du 22 au 24 mars) avant de se rendre à Drummondville (29 au 30 mars), à Laval (du 10 au 13 avril), à Québec (du 4 au 7 juillet) et enfin à Gatineau, du 12 au 15 juillet.
Denise Filiatrault ne suivra pas la troupe. «J'ai une assistante qui connaît le spectacle par coeur, pour les surveiller, pour donner les cue et faire le point après chaque soir, dit-elle. Mais ils connaissent bien leurs trucs. Les remplaçants aussi. Ils sont très bons.»
Présentée déjà 113 fois depuis 2010 devant 140 000 spectateurs, cette production nécessite deux remorques de 16 m pour transporter les décors, les 130 costumes et perruques, et les accessoires, notamment un immense lustre.
La troupe est composée de 27 comédiens, 15 techniciens, huit créateurs et sept musiciens. Rappelons que La mélodie du bonheur relate l'histoire de la famille von Trapp en Autriche à l'aube de la Deuxième guerre mondiale.
«C'est un beau livret, dit Denise Filiatrault. J'aime cette comédie musicale à cause du livret. J'aime toujours les histoires dans les comédies musicales. Les chansons ne suffisent pas. Il faut qu'il y ait une bonne histoire. Et ça, c'est une belle histoire.»
Denise Filiatrault embrayera ensuite avec une autre histoire chantée puisqu'elle mettra en scène, en mai prochain au Théâtre du Rideau vert, Une vie presque normale, «une espèce d'opéra-rock», dit-elle, avec Geneviève Charest, Véronique Claveau, Jean Maheux, Benoît McGinnis, Renaud Paradis et Isabeau Proulx Lemire.
Avant de se mettre au travail pour Chantons sous la pluie, produit dans le cadre du 30e Festival Juste pour rire. Une saison de travail comme une autre pour Mme Filiatrault. «Après, je m'arrête un petit peu», lâche-t-elle dans un grand sourire.