À la lumière des récentes tensions géopolitiques en Arabie saoudite, le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a exprimé un certain malaise vis-à-vis la performance offerte par la troupe dans ce pays le 23 septembre dernier.

Dans le cadre d'une rencontre avec la presse, jeudi, afin de dévoiler la stratégie de son plus récent projet, Lune Rouge, l'homme d'affaires a pris soin de rappeler qu'il ne détenait plus de pouvoir décisionnel dans cette entreprise.

«Je suis partenaire [...] mais je ne prends plus ces décisions-là, a expliqué M. Laliberté. Oui, cela me fait quelque chose, mais ce n'est pas moi qui décide.»

Ce spectacle du Cirque s'est déroulé avant que le royaume ne devienne la cible de virulentes critiques de la part des membres de la communauté internationale pour le meurtre brutal du journaliste dissident Jamal Khashoggi dans un consulat à Istanbul, en Turquie.

Néanmoins, la performance de la troupe, qui a eu lieu à l'occasion de la fête nationale saoudienne, est survenue en pleine querelle diplomatique entre Ottawa et Riyad - qui a entre autres provoqué l'expulsion de l'ambassadeur du Canada par le royaume.

Invité à commenter, M. Laliberté s'est montré très prudent, affirmant que cela était «difficile» en raison de la présence de «vieux amis» au sein de l'entreprise qu'il ne voulait pas critiquer.

«Je suis sûr que dans le contexte actuel le Cirque doit avoir son malaise parce que (l'entente a été conclue) à une époque où il semblait que les choses allaient dans le bon sens (en Arabie saoudite), a affirmé l'homme d'affaires. À un moment donné, est-ce que tu prends une décision de te retirer ou pas ? Ce n'est pas mon choix.»

Il a ajouté que Lune Rouge avait fait le choix « de ne pas aller là (au royaume) ». « Nous avons été approchés et c'est clair que ce n'est pas l'environnement dans lequel j'aimerais être entouré », a dit l'homme d'affaires.

En 2015, M. Laliberté avait cédé 60 % de sa participation dans le Cirque du Soleil à la firme d'investissement américaine TPG Capital ainsi que 20 % à Fosun Capital Group, une firme chinoise. La Caisse de dépôt et placement du Québec avait mis la main sur une participation de 10 %, soit la même que conserve le fondateur de la troupe ayant vu le jour en 1984.

L'homme d'affaires est toujours impliqué dans la «réflexion créative» au sein de l'entreprise, a-t-il indiqué. Jeudi après-midi, la Cirque du Soleil n'avait pas répondu aux courriels envoyés par La Presse canadienne.