Cette reprise de Dralion - 12 ans après sa création sous chapiteau - réunit tous les ingrédients qui ont fait la marque du Cirque du Soleil à ses débuts : musique au plancher, costumes flamboyants, chanteurs suspendus dans les airs, au coeur duquel se trouvent, bien sûr, une cinquantaine d'artistes de cirque qui exécutent leurs numéros à la perfection.

Mais cette nouvelle mouture conçue pour être présentée en aréna avait un air de «déjà vu» ou de «déjà fait» avec ses coups de tonnerre pour marquer les transitions. On pense spontanément à Alegria ou Saltimbanco, qui à l'époque étaient certes novateurs, mais qui sont aujourd'hui bien loin de cette nouvelle vague de cirque contemporain dont le Cirque du Soleil a pourtant été la locomotive. Et qui a continué d'innover avec des spectacles comme Totem et Iris.

L'autre irritant, c'est que Dralion, dans sa version d'origine, se voulait un hommage aux arts acrobatiques chinois. Et encore une sorte de rencontre entre l'Orient et l'Occident. Or, avec son trio de clowns italiens (omniprésent), sa danseuse africaine qui représente la déesse Gaya et la musique world qui ponctue l'ensemble de l'oeuvre, nous nous trouvons bien loin de la Chine.

Bien sûr, il y a une trentaine d'artistes chinois qui font des numéros collectifs magnifiques, de danse, avec des costumes de dralion (contraction de dragon et de lion); de manipulation d'oriflammes; de cordes à sauter; et un dernier, impressionnant et beaucoup plus actuel, avec des anneaux chinois. Même s'il s'agit d'un Orient édulcoré, le Cirque parvient à faire son effet.

Les numéros les plus marquants de la soirée - le quatuor de trampo-mur, le solo de cerceau aérien de Marie-Ève Bisson, le numéro de jonglerie et de contorsion - n'avaient, pour ainsi dire, rien à voir avec le thème de Dralion et ses quatre éléments. Pas grave. L'image qui nous vient à l'esprit est celle d'un buffet chinois occidental, où tout le monde trouve son compte.

Il faut dire que la vie en aréna sert mal tout le talent que réussit chaque fois à réunir sur scène le Cirque du Soleil. Trop loin, trop haut, la perspective n'est pas la même que sous le chapiteau, ni même en salle. La musique est assourdissante, les émotions ont du mal à voyager. Même si, selon plusieurs, il s'agit d'une des adaptations en aréna les plus réussies.

Au Centre Bell jusqu'au 30 décembre.