Le spectacle Zaia, créé en 2008 dans la petite île chinoise de Macao, sera présenté pour la dernière fois le 19 février, a annoncé le Cirque du Soleil, hier, dans un communiqué laconique publié par son partenaire chinois, Sands China.

Mis en scène par Gilles Maheu, le spectacle produit au coût de 150 millions n'était tout simplement pas rentable, a affirmé la porte-parole du Cirque du Soleil, Renée-Claude Ménard, hier soir. Selon elle, à peine 40% des sièges étaient occupés au cours du mois de janvier dernier.

«Notre objectif était de diversifier l'offre de divertissement touristique de Macao, qui est principalement visitée pour ses casinos, a expliqué Mme Ménard. Mais la vérité, c'est que les Chinois qui viennent à Macao sont là pour jouer. Ç'a été difficile de les attirer dans notre salle de spectacle.»

Zaia devait être présenté pendant 10 ans à l'immense hôtel et casino Venetian Macao, doté d'une salle de spectacle de 1800 sièges construite spécialement pour le Cirque du Soleil. «Il faut tout de même préciser que Sands n'a jamais fait autant d'argent avec son casino, a indiqué Renée-Claude Ménard. On ne peut pas dire qu'elle s'est mise en situation de faillite non plus...»

Le Cirque du Soleil admet que dès le début de cette aventure, les résultats étaient décevants. Déjà au mois de novembre 2009, le taux d'occupation était en moyenne de 65%, une situation jugée «inacceptable», selon la direction du Venetian Macao citée par le Wall Street Journal. «Nous espérions que les habitudes changeraient, dit Mme Ménard. Nous avons tenté plusieurs offensives marketing, mais ça n'a finalement rien changé.»

Moins de deux mois après la fin prématurée de Zed, un spectacle permanent créé en 2008 au Japon (dans une mise en scène de François Girard), le Cirque tire donc un trait définitif sur son aventure chinoise, puisque son objectif avoué était de présenter «au moins trois ou quatre spectacles» à Macao, un peu comme à Las Vegas. «Sauf qu'à Las Vegas, le jeu ne représente que 40% des revenus. Pas ici», tranche Mme Ménard. Il reste qu'avec la fin de Viva Elvis (en décembre 2012), c'est trois spectacles du Cirque en un an qui auront disparu.

Impact financier

L'impact financier de la fin de Zaia pour le Cirque du Soleil serait minime, puisque son partenaire Sands China lui garantissait un revenu annuel indépendant des revenus provenant de la vente des billets. Cette entente était en vigueur durant les trois premières années de production. En mettant fin au projet après trois ans et demi, le Cirque évite donc des pertes financières importantes.

Ironiquement, le spectacle The House of Dancing Water, présenté de l'autre côté de la rue par l'ex-metteur en scène du Cirque du Soleil Franco Dragone, aurait beaucoup de succès depuis sa création, en septembre 2010. «C'est vrai, admet Mme Ménard, mais nous savons qu'ils ne génèrent pas de revenus de billetterie importants. Leurs billets sont souvent inclus dans des forfaits. Notre modèle d'affaires n'est pas le même.»

Qu'adviendra-t-il des 75 artistes qui font partie de Zaia? «Nous allons évidemment tenter de les redéployer sur l'un ou l'autre de nos 21 autres spectacles, a indiqué Mme Ménard. Comme nous l'avons fait pour Zed dans une proportion de 75%. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour les replacer ailleurs.»