Avec Grâce à Dieu, ton corps, la chorégraphe Paula de Vasconcelos et sa compagnie Pigeons International présentent une histoire d'amour trompé... qui demeure malheureusement banale.

La scénographie, signée également par Paula de Vasconcelos, est magnifique, encore une fois. Plancher de bois aux couleurs chaudes; deuxième scène surélevée, avec murs coulissants; cadre suspendu qui sert de castelet aux marionnettes parfois présentes dans Grâce à Dieu, ton corps.

L'histoire qui sous-tend cette création: un petit couple guilleret voit son amour troublé par l'entrée en scène d'un homme et d'une femme. Or, la metteure en scène et chorégraphe opte pour une structure linéaire: Natalie Zoey Gauld et David Rancourt s'aiment, croisent la route d'Érika Morin et de Benjamin Kamino, se disputent et se réconcilient. Or, le déroulement de Grâce à Dieu, ton corps s'avère prévisible, lisse et sans mordant. D'abord, on ne sent aucune chimie entre Gauld et Rancourt, et Morin et Kamino semblent ne pas saisir la nature profonde des relations qui les lient aux autres interprètes.

Parce qu'on ne croit aucunement à ce jeune couple, on se désintéresse rapidement de son sort, sans même en tirer une lecture plus universelle. Dans cette histoire, qui repose pourtant sur la chair et la trahison, pas de crises ni de colères. Et malheureusement, le soir de la première, aucun corps sensible capable de communiquer avec justesse sensualité, attirance, trouble ou répulsion.

Certes, on comprend que de Vasconcelos a voulu situer Grâce à Dieu, ton corps à un niveau plus poétique que cathartique. Mais alors, les danseurs devraient faire preuve de plus de finesse et d'une interprétation capable de sublimer le banal du quotidien. Or, on les sent pris au ras des pâquerettes! Il faut dire que le vocabulaire gestuel, pourtant développé en improvisation avec les danseurs, produit une danse remplie de fioritures et d'incongruités qui obscurcissent davantage le propos... et sonnent parfois carrément faux (un amant cocufié, hors de lui, ça ne sautille pas!).

Paula de Vasconcelos inclut certaines scènes plus lyriques, comme des corps nus, joliment cadrés et magnifiés par la proximité du bois et par les éclairages chauds de Stéphane Ménigot: le couple principal, les deux couples lovés les uns contre les autres, l'amant esseulé... Toutefois, on saisit mal la raison d'être de ces arrêts sur images, trop longs et qui ne servent ni de pivots à l'action ni de tremplins vers une réflexion plus vaste. Même de petites marionnettes, bien qu'étonnantes et sympathiques, n'offrent pas de contrepoint lisible. Quant à la deuxième scène aux murs coulissants, elle laisse entrevoir des scènes trop prévisibles pour être intéressantes.

Paula de Vasconcelos indique employer de nouveaux procédés de création, tenter de nouvelles approches: on espère sincèrement que cela portera des fruits pour celle qui a longtemps occupé une place unique dans le paysage de la danse. Pour l'instant, le contenant semble l'emporter sur le contenu.

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Grâce à Dieu, ton corps de Pigeons International. Jusqu'au 19 février à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Info: 514-842-2112