Les Grands Ballets canadiens ont invité la célèbre compagnie de danse contemporaine new-yorkaise Alvin Ailey American Dance Theater à venir se produire à Montréal. La mythique troupe présentera trois nouvelles créations (In/Side, Takademe et The Hunt) signées par son nouveau directeur, Robert Battle, mais également deux oeuvres qui ont scellé la réputation de l'institution (Revelations et Streams).

Depuis sa première représentation en 1960, Revelations, pièce-culte d'Alvin Ailey et pierre angulaire du répertoire afro-américain, a été interprétée aux quatre coins du monde, dont récemment à Montréal en 2007. Le chorégraphe y expose, sur un mélange de gospel, de blues et de ragtime, la souffrance des esclaves noirs dans les champs de coton et leurs pratiques religieuses.

«La compagnie m'a tellement inspiré! Alvin Ailey a laissé un véritable héritage au monde et essentiellement pour les Afro-Américains. Le perpétuer est très important pour moi et je le fais avec fierté», explique Robert Battle, directeur du Alvin Ailey American Dance Theater depuis juillet dernier, succédant ainsi à Judith Jamison. «Revelations parle à tout le monde, les inspirant et leur racontant une histoire remplie d'espoir, celle des Afro-Américains en Amérique du Nord. Elle a touché différentes générations et a inspiré de nombreux chorégraphes et chorégraphies. J'avais 12 ans à Miami quand je l'ai vu avec mes camarades d'école», ajoute-t-il.

Robert Battle a également choisi de présenter Streams, la première oeuvre abstraite de la défunte légende de la danse afro-américaine, alliant solos, duos et mouvements de groupes sur une musique méditative de Miloslav Kabelac.

«Streams est très différente des autres pièces qui expriment vraiment la polyvalence et les divers intérêts d'Alvin Ailey. Je voulais rappeler aux gens que si c'est une icône, c'est aussi un artiste très intéressé par tous les types de musique. Streams est presque dans la tradition du ballet et permet de montrer la virtuosité des danseurs, avec de difficiles transitions», précise le chorégraphe.

Les nouvelles créations

Classé parmi les «maîtres de la chorégraphie afro-américaine» par le Kennedy Center for the performing Arts en 2005, Robert Battle a créé trois nouvelles pièces en 1999 avec la collaboration de sa prédécesseure Judith Jamison et de Rennie Harris, inspirées par sa fascination pour la musique. Avec In/Side, un solo pour homme, le chorégraphe propose une vibrante et physique performance sur la voix de Nina Simone interprétant Wild is the Wind. «C'est un solo très révélateur sur lequel on ne danse pas nécessairement sur la musique, mais sur son essence. J'ai grandi à Miami, où les ouragans sont fréquents. J'ai voulu plonger le danseur en plein milieu de ce chaos», dit-il.

Puis avec Takademe, l'une de ses premières créations, le chorégraphe a cette fois mélangé humour et pirouettes propres à la danse kathak, sur une musique de Sheila Chandra.

«J'ai étudié à Juilliard et je n'ai jamais suivi le cours de danse indienne, mais je l'ai toujours regardé, car j'étais fasciné par son langage corporel. Mais ma première influence a été Michael Jackson dans les années 80. Quand je regarde cette chorégraphie, je vois vraiment une combinaison de ces deux influences», explique Robert Battle à propose de ce solo pour homme ou femme.

Enfin avec The Hunt, une chorégraphie aérienne et énergique pour six danseurs aux rythmes des Tambours du Bronx, flirtant entre le rock'n'roll et le style du collectif japonais Kodo, le directeur du Alvin Ailey American Dance Theater s'est servi de sa formation en arts martiaux pour révéler dans cette pièce très physique le prédateur et le chasseur qui sommeille dans chaque être humain. «Les danseurs chassent et sont chassés», précise Robert Battle.

Du 19 au 21 avril à la salle Wilfrid Pelletier.