La présence du Québec au festival Cervantino de Guanajuato porte ses fruits. Alors que la manifestation culturelle vient à peine de prendre son envol, des projets artistiques entre la Belle Province - invitée d'honneur - et le Mexique sont déjà sur la table, a confirmé à La Presse la ministre de la Culture, Christine St-Pierre.

Suivre des leçons d'espagnol compte maintenant parmi les ambitions de la ministre. Elle risque en effet d'en avoir bien besoin au cours des prochaines années si elle souhaite accueillir dans la province des artistes mexicains et concrétiser son rêve de présenter au Québec une exposition réunissant les oeuvres du célèbre couple formé par le muraliste Diego Rivera et la peintre Frida Kahlo.Les échanges interculturels seront d'ailleurs multiples entre le Mexique et le Québec au cours des prochains mois. D'abord l'an prochain, afin de souligner au Québec le bicentenaire de l'indépendance mexicaine, 10 écrivains mexicains participeront au Salon du livre de Québec au printemps. C'est d'ailleurs le Mexique qui sera l'invité d'honneur.

En échange, les organisateurs des activités entourant les célébrations de l'indépendance souhaitent que le Québec ait à son tour une présence artistique au Mexique l'été prochain. Ils ont notamment manifesté leur intérêt pour la troupe de danse La La La Human Steps, a confirmé Mme St-Pierre au cours d'une entrevue avec La Presse, lors de son passage à Guanajuato.

La ministre souhaiterait présenter chez nous une exposition réunissant à la fois les oeuvres de Diego Rivera et Frida Kahlo, deux êtres explosifs qui, tout en s'aimant, se sont entredéchirés. «J'aimerais qu'on voie les flammèches qu'il y avait entre ces deux artistes-là», a dit Mme St-Pierre.

Rien n'a encore été confirmé à ce sujet, mais la ministre n'a pas l'intention de lâcher le morceau. «Je pense que ça serait, pour les Mexicains, un coup publicitaire extraordinaire. Quand on parle de Frida, les Québécois qui viennent au Mexique savent de qui il s'agit.»

La scène internationale

En ce qui concerne le festival Cervantino, qui se poursuit jusqu'au 1er novembre, Christine St-Pierre considère qu'il s'agit d'une grande chance pour les artistes québécois, qui présentent à eux seuls 31 activités, de partir à la conquête des marchés mexicain et latino-américain. «Ce festival est l'un des plus grands au monde, estime-t-elle. Il est aussi important que ceux d'Avignon et d'Édimbourg. Beaucoup de diffuseurs sont ici. Ils vont regarder ce qu'on fait et ils vont peut-être acheter des spectacles.»

En ce sens, elle assure que le gouvernement Charest - qui a versé environ 880 000 $ pour appuyer les groupes et compagnies présents au Cervantino - continuera de soutenir les artistes, notamment pour leur permettre d'aller jouer ou danser sur des scènes des quatre coins du monde. «On ne peut pas se désengager, affirme-t-elle. Si nous voulons que nos artistes puissent vivre de leur art, il faut leur permettre d'aller à l'étranger.»

Un point de vue que partage André Viens, directeur artistique et général du Théâtre Sans fil, qui figure à la programmation du festival de Guanajuato. «Le marché est petit au Québec, souligne-t-il. Et l'offre est très grande. Pour être capable de survivre, c'est essentiel de sortir.»