Montréal veut frapper fort sur la scène internationale des festivals. Plutôt que de jouer chacun dans leur coin, une dizaine de festivals montréalais ont décidé de s'unir pour attirer plus de touristes. Ils annonceront aujourd'hui la création du Collectif de festivals montréalais (CFM).

Le Collectif veut rassembler la majorité des grands festivals de la métropole. Il vise à positionner la ville comme un pivot international de grandes manifestations festives et culturelles estivales, à l'image d'Édimbourg, en Écosse, ou d'Austin, au Texas, ce que prône depuis longtemps le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon.

Cette nouvelle association de festivals a été enregistrée officiellement le 5 mai au Registraire des entreprises du Québec. La création du Collectif est un projet-pilote, mais ses instigateurs l'ont encadré avec des personnalités de la métropole. Selon nos sources, la présidence du conseil d'administration sera assurée par Isabelle Hudon, ex-présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain et actuelle présidente du C.A. de l'UQAM.

Le vice-président du CFM serait David Heurtel, qui vient d'être nommé vice-président, affaires publiques et corporatives, au Groupe Juste pour rire. La nomination de Jacques Aubé, vice-président et directeur général d'evenko, serait également annoncée au poste de secrétaire-trésorier. Evenko est le nouveau nom du Groupe Spectacles Gillett, racheté par la famille Molson en même temps que le Canadien de Montréal.

La ministre du Tourisme du Québec, Nicole Ménard, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et le président-directeur général de Tourisme-Montréal, Charles Lapointe, donneront à ce sujet une conférence de presse ce matin à laquelle participeront des représentants d'une dizaine de festivals participants.

Le 4 mars dernier, La Presse a annoncé que huit festivals montréalais s'étaient déjà mis d'accord pour améliorer leur visibilité à l'étranger et créer une masse critique de manifestations culturelles au coeur de l'été. Tout cela dans le but de jouer de façon plus efficace la carte touristique, un joker dans l'économie des nations modernes.

Parmi ces festivals, la participation de Juste pour rire, Zoofest, Nuits d'Afrique, Osheaga, le tout nouveau Montréal complètement cirque, le Festival mode et design de Montréal, Divers/Cité, L'International des feux Loto-Québec et Présence autochtone semble acquise. Par contre, ni le Festival international de jazz de Montréal (FIJM) ni les FrancoFolies ne feront partie du Collectif.

Le CFM deviendra une organisation qui coordonnera les festivals membres dont les activités se déroulent entre la mi-juillet et la mi-août. Du coup, la présence du FIJM et des Francos au sein du collectif, compte tenu de leurs activités en juin et au début du mois de juillet, aurait eu pour conséquence que le «festival de festivals montréalais» nuise aux autres festivals estivaux du Québec, notamment ceux de la Vieille-Capitale, ce qui n'est évidemment pas souhaitable pour l'économie de la province.

Le Collectif sera financé en partie par la Ville de Montréal, qui a déjà annoncé un investissement de 750 000 $ en trois ans. La ministre Ménard doit annoncer ce matin la somme qui sera accordée par le gouvernement provincial et qui pourrait être de la même ampleur. Les festivals participeront aussi financièrement au fonctionnement du CFM.

Gilbert Rozon, qui a eu l'idée de ce regroupement de festivals, travaille sur le projet depuis deux ans. Il veut, dit-il, récréer à Montréal l'énergie créatrice de culture et de revenus qu'a déployée Austin avec son festival South by Southwest (SXSW), et surtout Édimbourg, la «capitale mondiale des festivals», qui a créé une véritable grappe industrielle de festivals avec des manifestations en musique, danse, opéra, théâtre pour enfants, sciences, littérature, contes, cinéma, jazz, arts visuels et même des conférences politiques.